Xavier Bertrand après 100 jours à la tête des Hauts-de-France , Je resterai à portée d’engueulade (VIDÉOS)
Après 100 jours dans le fauteuil de président de Région, dans quel état d’esprit vous trouvez-vous
« Normalement, au bout de 100 jours, on continue à annoncer ce qu’on va faire’ et on n’a pas fait grand-chose. Nous, nous avons commencé à faire. J’ai tenu à ce que l’action de la Région commence tout de suite, avec de nouvelles politiques déjà concrètes. Pour moi, c’était indispensable. Et encore, je trouve que cela ne va pas encore assez vite. »
Quelles sont ces nouvelles politiques
« D’abord la politique de l’emploi. Plus de 6 000 personnes ont contacté Proch’emploi. Plusieurs centaines ont retrouvé une formation ou un emploi. Je sais qu’on me dira que tout le monde n’a pas retrouvé un emploi au bout de trois mois. Proch’emploi est un dispositif au long cours. Je l’assume’
Il y a aussi la politique d’aide au transport. Près de 3 500 personnes sont déjà bénéficiaires du dispositif, c’est du concret.
Nous avons lancé l’aide d’urgence pour les éleveurs. Et les nouvelles exonérations de charges pour les nouveaux emplois ont commencé en mars : des centaines d’entreprises ont déjà déposé des dossiers. »
Proch’emploi propose plus de formations que d’emplois’
« C’est vrai et c’est logique : les personnes qui nous contactent cherchent un travail depuis des mois ou des années, elles savent qu’on ne trouve pas un emploi simplement en composant un numéro de téléphone. Je l’ai toujours dit, il ne faut pas se raconter d’histoires. Mais si les gens ne lâchent pas Proch’emploi, Proch’emploi ne les lâchera pas. Ce n’est pas une opération éphémère. La vocation de la Région, avec Proch’emploi, c’est avant tout la formation pour retrouver un emploi. Si on n’a pas besoin de se former, le bouche-à-oreille, Pôle Emploi ou Le Bon Coin sont déjà là. S’il y a un besoin de formation, la Région a la compétence et le budget. Des formations qui mènent vraiment à l’emploi, qualifiantes, pas des formations parkings.
À l’heure du bilan, dans cinq ans et demi, la question sera simple : la situation de l’emploi s’est-elle améliorée dans la région »
Et si ça n’est pas le cas
« Ce serait un échec. Dans les tendances nationales, nous avons toujours été les derniers. Je veux qu’on sorte de cette situation. Je veux redonner de l’espoir. »
L’objectif des 60 000 créations d’emplois d’ici à septembre est-il toujours d’actualité
« Je ne joue pas sur les mots, car je sais que je serai attendu là-dessus’ Ce sont les entrepreneurs qui créent les emplois, mais la Région a un rôle à jouer en matière d’économie. D’ici à septembre, on verra, tous chiffres confondus, les créations d’emplois, les entrées en formation avec un emploi à l’issue, les apprentis supplémentaires, etc. Dans toutes les délibérations que nous avons prises depuis janvier, il y a déjà des créations ou des maintiens d’emplois à la clé. On fera le total, on verra si on n’a rien fait. »
Pentair (Armentières et Ham), Akers (Berlaimont) Des entreprises sont en difficulté. N’êtes-vous pas déjà confronté à la réalité
« Bien sûr, même si personne n’a de baguette magique, même si je suis un président zéro promesse, je ne me cacherai pas : je ne gagnerai pas tout le temps, mais je me battrai tout le temps. »
Mais un président de Région ne peut tout éviter’
« Tout le monde le sait. Certains ne se gêneront pas pour me critiquer. Mais je ne suis pas du genre à rester derrière mon bureau. Sinon, il ne faut pas s’étonner que les gens tournent le dos définitivement à la politique. Je m’expose, j’en mesure les risques. Je pourrais dire que c’est à l’État de prendre ses responsabilités. Mais ce sont les élus locaux qui sont présents sur le terrain. »
Comment voyez-vous votre rôle
« Le président de Région a un nouveau rôle : celui d’être VRP et avocat de l’intérêt régional. Ma façon de faire de la politique me fait sortir des compétences traditionnelles. La politique des notables, c’est terminé. Je suis un président entrepreneur. J’ai plus de 8500 agents, qui sont des salariés. Et j’ai aussi 6 millions d’habitants, qui sont comme des actionnaires, envers qui j’ai une obligation de résultat. Mes limites, c’est ce que mon budget ne me permet pas de faire, et ce que la loi m’interdit de faire. Cela laisse de l’espace. »
Vous dites avoir eu un choc pendant la campagne avec l’image négative que dégageait votre statut d’ancien ministre. La population vous renvoie-t-elle toujours à cette même image
« Quand je vais tôt le matin à Beauvais ou à Château-Thierry, que je suis sur le quai de la gare, avec les usagers du train, ou chez Auchan, Renault ou Sevelnord, les gens sont surpris de me voir alors que les élections sont passées’ Pendant ces six ans, je resterai sur le terrain, à portée d’engueulade, car je sais que la colère n’a pas encore reculé. »
Quid des 100 jours qui viennent
« On aura un nouveau budget, une nouvelle politique de l’apprentissage, l’ouverture des premières antennes de la Région, une nouvelle politique culturelle, le déploiement de plates-formes emploi, l’extension de la troisième révolution industrielle à la Picardie dès le mois de juin, la présentation des projets pour les arénas dans chaque arrondissement’ Rendez-vous dans 100 jours, et en attendant, au travail. »