Un an après le meurtre de Chloé sa maman témoigne, Elle nous manque tellement
Eisenhower a dit ceci : «
Dans la vie, il n’y a pas pire tragédie que la mort d’un enfant ; après ça, les choses ne sont plus comme avant.
» Cette pensée est sur toutes les lèvres quand on évoque l’affaire Chloé. Car plus rien n’est comme avant pour Isabelle Hyart. Une partie de sa vie s’est arrêtée avec celle de sa fille, le 15 avril 2015. Il y a un an. Ces derniers jours sont particulièrement difficiles : Chloé aurait fêté ses 10 ans la semaine dernière. Comme dit sa mamie, «
le plus dur, c’est de fêter les autres anniversaires, surtout que nous, on est très famille, très photos-souvenirs
».
Chloé est présente partout : sur les coussins du canapé, sur la page Facebook de sa maman, qui publie des photos d’elle presque quotidiennement, avec les mots d’amour qui vont avec. Au cimetière de Calais-Nord aussi, où sa tombe est jonchée de fleurs. Isabelle s’y rend «
tous les deux jours
». «
Elle nous manque tellement. C’est de plus en plus dur.
»
« Je ne pourrai jamais faire le deuil »
Son visage, grave et profondément triste lorsqu’elle évoque Chloé, s’illumine pourtant parfois. Car la vie reprend le dessus : «
Il faut que je pense à mes deux petits. Je ne veux pas qu’ils croient que je m’en fous d’eux.
» Les «
deux petits
» ont cinq et six ans. Ils ont assisté à l’enlèvement de leur grande s’ur. Isabelle les a emmenés voir une psychologue, peu de temps après les faits, «
mais elle a jugé que ma fille n’avait pas besoin d’être suivie
». Pourtant, l’un et l’autre sont «
de plus en plus perturbés
», selon Thomas, le compagnon d’Isabelle. Comme si le traumatisme éclatait un an après : «
Ils parlent énormément du
monsieur avec la voiture rouge
. Ils demandent :
Elle est où, Chloé
Dans leur tête, ça travaille, il y a de la haine, de la colère.
»
Dans la tête d’Isabelle aussi, ça travaille : quand elle repense à l’enlèvement par exemple. Elle était présente. Alors que Chloé jouait dehors, elle s’est absentée quelques minutes pour aller changer les deux petits : «
Quand je suis redescendue, on m’a dit :
On t’a pris Chloé.
J’ai vu l’homme de dos, je n’ai pas vu son visage. Je ne pouvais rien faire.
»
Isabelle, qui a depuis déménagé, en entend certains dire que «
c’est sa faute
». Elle lit des critiques sur les réseaux sociaux, de gens qui n’apprécient pas qu’elle ose encore, après « ça », «
jouer au loto
». Et puis il y a ces regards qu’elle sent dans son dos. Comme quand elle fait ses courses. «
Il ne faut pas toujours me regarder, dit-elle. Depuis qu’il y a eu ça, je ne supporte plus grand-chose.
»
Son regard est froid quand elle lance, sûre d’elle : «
Je ne pourrai jamais faire le deuil. Quand on apprend le décès de quelqu’un de 50 ans, on se dit que oui, c’est malheureux. Mais nous, c’est pire, parce que Chloé, elle n’a pas profité de la vie.
»
Le procès devrait avoir lieu en 2017
L’enquête. L’instruction est toujours en cours. Selon Antoine Deguines, avocat du meurtrier présumé, la juge d’instruction a ouvert une commission rogatoire internationale en Pologne afin de réunir le maximum d’informations sur Zbigniew Huminski. Elle a également désigné un collège d’experts psychiatres et psychologues, chargés de rencontrer le Polonais prochainement et d’établir un rapport commun.
Une reconstitution bientôt. Une reconstitution des faits est prévue dans le courant du mois de mai.
Le procès. Il n’aura pas lieu «
avant le second semestre 2017
», d’après Antoine Deguines. C’est l’avocat parisien, Thibault de Montbrial, qui représentera les parents de Chloé.
Le meurtrier présumé. Zbigniew Huminski est mis en examen pour enlèvement, viol et séquestration suivie de mort sur mineur de 15 ans, et incarcéré. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Selon son avocat, il parle «
un français remarquable, sans accent, avec un vocabulaire riche et choisi
». Il reconnaît la totalité des faits, «
mais ne s’en explique pas les raisons
».
M. GO.
Le rappel des faits
Mercredi 15 avril 2015 : dans l’après-midi, Chloé Ansel, 9 ans, est enlevée à Calais alors qu’elle est en train de jouer avec des amis près de l’aire de jeux de la rue Chateaubriand, où vit sa mère. L’alerte est aussitôt donnée. Des patrouilles de police se lancent à la recherche du kidnappeur et de la fillette, emmenée à bord d’une voiture rouge.
C’est Philippe Mignonet, adjoint au maire, qui, une heure et demie plus tard, repère la voiture à la lisière d’un bois, à un kilomètre à peine du lieu de l’enlèvement. Le corps sans vie de la fillette est retrouvé 30 mètres plus loin, dans le bois. Quant à son agresseur présumé, il est interpellé dans les minutes qui suivent, à proximité de la scène du crime. Il s’agit de Zbigniew Huminski, un Polonais de 38 ans déjà condamné à plusieurs reprises par les justices française et polonaise, notamment pour des faits de séquestration et de vol aggravé (il a multiplié les allers-retours entre la Pologne et la France). En garde à vue, il a avoué les faits.