Thierry Fernandez entraîneur placé en détention , séisme dans le rugby armentiérois

Trois jours que le tonnerre a frappé, et personne ne s’en est encore relevé. Vendredi soir, Thierry Fernandez, entraîneur du club Léo-Lagrange Armentières, section rugby, employé municipal, a été déféré devant un juge d’instruction du tribunal de grande instance de Lille.

Tout est parti, selon les premiers éléments, d’une plainte, auprès du commissariat de la rue des Chauffours. À la suite de laquelle une perquisition est effectuée chez Thierry Fernandez, entraîneur au CLLA depuis quinze ans. Des clichés pédopornographiques auraient été saisis.

Le quinquagénaire est mis en examen pour viols et agressions sexuelles. Le mis en cause, c’est son droit, a demandé que le débat contradictoire, à l’issue duquel le juge des libertés et de la détention (JLD) doit statuer sur son sort en attendant son procès, soit différé. Le temps de préparer sa défense. Ce débat doit se tenir dans un délai de quatre jours ouvrables, donc il aura lieu au maximum vendredi. En attendant, conformément aux réquisitions du parquet, Thierry Fernandez dort en prison.

Match sans entraîneur

Dimanche, le match contre Caen a eu lieu sans entraîneur. Un gros manque puisque, indique Dominique Bianchi, élu et avocat du CLLA (pas du mis en cause), «
Thierry Fernandez était une figure du club, très impliqué. Il aime son sport, il aime son club, il aime son équipe
». Les Rouge et Bleu ont gagné, même si, souligne le président du club, et ancien maire, Claude Hujeux, «
ils l’ont abordé dans des conditions psychologiques particulières
».

Claude Hujeux, fondateur, avec Gérard Haesebroek, du club en 1965, a voulu «
montrer aux joueurs que le club est derrière eux
». La section rugby a été créée en 1968, par Henri Natiez, qui en est toujours le président. Claude Hujeux a vu arriver, il y a quinze ans, Thierry Fernandez, en qui il avait «
une confiance absolue
». Rappelons qu’à ce stade de la procédure ce dernier est présumé innocent.

Pour le CLLA, 1700 adhérents dont 250 à la section rugby, au-delà du drame humain autour de ce personnage à la grande gueule, bougon mais apprécié de tous, c’est aussi «
un gros souci
», euphémise Marie-Françoise Chrétien, ex-responsable des jeunes. Pour les entraînements notamment.

Ils sont maintenus mais Thierry Fernandez est le seul diplômé, les autres sont éducateurs. Et «
le club n’a pas les moyens de se payer un entraîneur
». D’autant qu’il est très difficile de réagir quand, comme le précise M. Bianchi, «
on est spectateurs de tout ce qu’il se passe, on n’a pas été entendus, ni auditionnés
».

L’adjoint aux Sports Arnaud Marié, sidéré, attend «
la suite des événements
», avant de «
voir ce qu’il convient de faire
». Sur notre site et sur notre page Facebook, ceux qui ont côtoyé Thierry Fernandez ont «
peine à le croire
».

«On ne peut pas l’admettre»

Henri Natiez, président du Club Léo-Lagrange rugby, une section qui compte environ 250 adhérents, parmi les plus importantes du CLLA, réagit à la mise en examen de « son » entraîneur.

Comment avez-vous appris que Thierry Fernandez était mis en cause dans une affaire de pédophilie

« J’ai été mis au courant vendredi après-midi. J’ai été très choqué, très surpris. Personne ne pensait à ça… Il est chez nous depuis une quinzaine d’années, et il n’y a jamais rien eu à lui reprocher. Les joueurs actuels qui ont 24 ou 25 ans, il les a connus tout petits, aucun n’a fait une seule allusion à quoi que ce soit. »

Comment le club a réagi

« Vendredi on s’est vus, avec l’équipe dirigeante, on a fait une réunion. Évidemment on était tous concernés, mais sans savoir rien du tout. »

Justement que répondez-vous aux joueurs qui doivent certainement vous poser des questions

« Ils n’en ont pas tellement posé, ils ont pris leur match en main… Et qu’est-ce que vous voulez qu’ils posent comme questions »

Vous devez avoir du mal à réaliser…

« On est complètement sous le choc. On ne peut pas admettre ce qui arrive. Ça fait mal à tout le monde. Quand on voit quelqu’un quatre ou cinq fois par semaine, et qu’on apprend ça… »

La saison continue

« Il nous reste deux matches, on va y aller. Ça nous perturbe très très fort. J’ai une pensée pour les gens du club, pour tout le monde. »
P. R.