Société de la raffinerie de Dunkerque , un pas de plus vers la fermeture définitive de l’usine
Les dernières semaines ont été houleuses chez SRD : manifestation à Paris devant les bureaux de Bouygues et de sa filiale Colas, propriétaire de l’usine, et surtout situation hyper tendue à Dunkerque où, en marge des négociations sur les conditions de départ des 111 salariés, ces derniers ont aspergé le bâtiment de la direction avec de la mousse servant à éteindre des incendies.
Et puis, en toute fin de semaine, un accord est tombé, qui a été approuvé par l’ensemble du personnel lundi midi. «
Ces accords portent sur les indemnités de départ,
les congés de reclassement, les congés attente retraite et l’allocation temporaire dégressive. Huit réunions de négociations étaient programmées, mais neuf se sont finalement tenues. Il était temps que ça se termine, car être toujours dans la colère, c’est épuisant
», résume Michaël Desmadrille, secrétaire CGT du comité d’entreprise.
Revitalisation du Dunkerquois
Sur les indemnités de départ des salariés, qui fut la principale source de désaccord durant les négociations, le groupe Colas explique être «
reparti sur les mêmes bases que le précédent PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) de 2014
», lié à l’arrêt de l’activité « huiles » (150 salariés avaient été licenciés). Des propos que ne conteste pas l’intersyndicale CGT-CFTC, qui en demandait toutefois beaucoup plus.
«
Depuis l’arrêt de l’activité huiles
, reprend Michaël Desmadrille, on nous avait promis un nouveau projet avec de la lisibilité. Pour cela, nous avons tous, soit raccourci, soit renoncé à nos congés d’été, voire de Noël et de nouvel an. Finalement, nous n’avons jamais vu le moindre investissement, et pire, le 14 janvier, on apprenait la fermeture de l’usine ! C’est à cause de tous ces préjudices que nous avons placé la barre plus haut en matière d’indemnités.
»
Malgré l’accord trouvé avec la direction, qui devrait être validé le 12 mai par la DIRRECTE (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi), les syndicats de SRD n’ont pas l’intention d’en rester là. «
Désormais, nous voulons penser à la revitalisation du Dunkerquois. En clair, nous avons demandé à Colas et à Bouygues d’investir dans le territoire, comme Total l’a fait après l’arrêt du raffinage à Mardyck
», conclut Michaël Desmadrille. Selon le syndicaliste, Colas lui aurait assuré que «
la porte des négociations n’était pas fermée
».
Démantèlement à partir de 2017
La question que beaucoup se posent aujourd’hui est la suivante : SRD peut-elle trouver un repreneur Selon l’intersyndicale CGT-CFTC, la réponse est « non ». «
Il y aurait bien eu une proposition pour un dépôt, mais qui n’aurait concerné que dix salariés, pas plus
», explique Michaël Desmadrille, secrétaire CGT du comité d’entreprise.
En fait, ces dix emplois pourraient effectivement être conservés, mais plutôt pour superviser le démantèlement de l’usine. «
Le chantier global, qui démarrerait dès 2017, pourrait durer jusqu’à sept ans, car outre le démantèlement, il faudra aussi dépolluer les sols
», illustre Michaël Desmadrille.
Et concernant un éventuel engagement de Colas de revitaliser le bassin dunkerquois, cela ne devrait pas, vu la durée du chantier de démantèlement, concerner le site actuel de SRD. «
Colas a par exemple développé un nouveau concept de panneaux photovoltaïques pour les routes, pour lesquels il a d’ailleurs été récompensé. Pourquoi n’ouvrirait-il pas une usine de production chez nous À Dunkerque, il ne manque pas de sites pour venir s’installer’
»
Le montant des indemnités
Sur les 111 salariés de SRD, 65 % ont plus de 45 ans. Selon les syndicats, les indemnités de départ seraient comprises entre 50 000 et 120 000 , en fonction de l’ancienneté, et jusqu’à 210 000 selon Colas.
Salariés et sous-traitants
En 1982, alors que SRD s’appelait encore BP, l’usine totalisait 1 400 salariés. Sur les 111 qui restent aujourd’hui, seuls deux seraient déjà sur une piste sérieuse de travail.
Quid des sous-traitants, soit une centaine de salariés en tout Les principaux de SRD étaient ADF Tarlin, Actemium (ex-Cegelec), Sita-Solving, Seris, Petro-Services et Auxitec. Selon les syndicats de SRD, la plupart, heureusement, n’étaient pas des sous-traitants exclusifs de l’usine (ce qui signifie qu’ils ont d’autres contrats réguliers avec d’autres industries).