Sequedin , le forcené sexagénaire de Liévin retrouvé pendu dans sa cellule
Un surveillant pénitentiaire a fait la macabre découverte, lors de sa ronde, dans la nuit de dimanche à lundi vers 3 h 30, dans le quartier où sont placés les nouveaux arrivants. Ce quartier de pré-accueil sert à observer tous les nouveaux détenus pendant quarante-huit heures, par une équipe composée notamment de médecins, de personnels d’encadrement ou d’enseignants (pour diagnostiquer l’illettrisme par exemple). Les prisonniers peuvent y être à vingt en même temps, répartis dans des cellules.
L’homme a été identifié : il s’agit de Jacky Leturgez, 63 ans, le «forcené» de Liévin qui avait blessé un policier par balle avant d’être interpellé par le RAID jeudi dernier. Il était écroué depuis samedi après-midi.
Il se trouvait seul en cellule, et était, indique Guillaume Pottier, représentant du syndicat UFAP-UNSA-Justice, «
sous surveillance spéciale
», c’est-à-dire que des rondes étaient effectuées toutes les heures. Justement parce qu’il présentait un risque suicidaire. Il se trouvait en détention provisoire, il n’avait pas encore été jugé.
Virginie Delbar, une Berckoise de 43 ans, qui se trouvait en détention provisoire dans l’attente de son jugement, soupçonnée d’être à l’origine de la mort d’un policier, s’est suicidée par pendaison, également à Sequedin, mardi 5 avril, en plein après-midi.
Une nouvelle enquête a été ouverte, suite au décès de Jacky Leturgez, afin de déterminer les causes précises de sa mort.
Après deux suicides par pendaison à la maison d’arrêt de Sequedin en une semaine, le directeur interrégional des services pénitentiaires, Alain Jégo, s’explique.
Comment se fait-il que deux suicides puissent se produire quasi coup sur coup dans une même prison Tout n’a-t-il pas été fait, comme par exemple mettre des draps déchirables
« Dieu merci non, ce serait invivable pour la personne. Heureusement qu’on ne laisse pas les gens uniquement avec des vêtements et des draps déchirables. Ce n’est pas imaginable, c’est une mesure qu’on prend quand les détenus sont en crise suicidaire aiguë. Et c’est autorisé sur une période maximale de vingt-quatre heures. Cette personne n’était pas en crise suicidaire avancée, mais il était susceptible d’entrer dans cet état-là. Il était donc en surveillance, de manière plus importante. Mais on n’est pas derrière la personne en permanence. Avant, en France, les condamnés à mort étaient surveillés 24 heures sur 24. »
N’y avait-il pas d’autres mesures à prendre pour empêcher ce drame, comme ne pas le laisser seul en cellule
« C’est très, très compliqué. On a aussi des suicides, malheureusement, quand les détenus sont à deux. Il n’y a pas de parade absolue, mais des précautions à prendre, et elles ont été prises. Les rondes, ce n’est pas une garantie sur facture. »
Comment expliquez-vous ces deux suicides dans une même prison Une coïncidence
« Il n’y a rien à voir entre les deux cas de figure. Dans les deux cas, il y a une situation personnelle très compliquée. »
Un soutien psychologique est-il prévu
« Oui, un système de soutien psychologique est proposé aux agents. Souvent, ils se sentent coupables. Pour un suicide, vous arrivez deux minutes après c’est trop tard… Mais il nous arrive aussi d’empêcher des tentatives de suicides, donc de sauver des vies, et de cela, on ne parle pas. »
P. R.