Projet de regroupement des écoles rurales dans les Hauts de Flandre , les élus préparent la riposte
«
Si le projet est mené jusqu’au bout, il resterait quatorze écoles sur le secteur. Cela veut dire que 26 communes sur les 40 que compte le territoire des Hauts de Flandre n’auront plus d’établissement scolaire
», calcule Luc Waymel, maire de Drincham, commune concernée par la fermeture d’une classe à la rentrée. Un décompte effectué à partir des classes actuellement en activité, soit environ 140 classes élémentaires et 75 maternelles pour le public, plus 30 classes élémentaires et 16 maternelles dans le privé. «
Les chiffres ne sont pas complets car j’attends encore la réponse de certaines communes », précise l’élu.
Cette estimation, qui s’ajoute à l’annonce de la fermeture d’une dizaine de classes dans les communes de Crochte, Drincham, Hoymille, Lederzeele, Rexpoëde, Saint-Pierre-Brouck, Uxem, Warhem et Wylder, effraye les habitants du territoire rural. «
Nous sommes tous convaincus du problème, résume Didier Roussel, maire d’Esquelbecq, et nous n’avons pas envie d’aller déshabiller une commune pour rhabiller une autre.
»
Un schéma angoissant
L’académie envisage d’effectuer des regroupements pédagogiques concentrés (RPC). À la différence des regroupements pédagogiques intercommunaux (RPI), qui rassemblent les élèves par niveau dans chaque commune, comme c’est le cas entre Bambecque, Oost-Cappel et Houtkerque, les RPC impliquent plus de communes et plus d’élèves, en concentrant dix classes en un seul endroit.
Le schéma envisagé par l’inspection académique inquiète d’autant plus qu’il provoquerait pour les municipalités des frais supplémentaires en matière de transport et de construction dans les communes où serait localisé le regroupement ; l’abandon d’une partie du personnel encadrant ; la réorganisation des cantines, etc. «
Que faire des locaux vides Que va devenir le personnel Quel avenir pour ces services
», s’inquiète Marie-Claude Lermytte-Bavay, maire de Brouckerque.
Depuis la dernière réunion au cours de laquelle Guy Charlot, le directeur académique des services de l’éducation nationale (Dasen), a présenté cette piste de réflexion à quelques élus du territoire, l’angoisse a envahi les esprits. La riposte se prépare. Pour appréhender au mieux le «
danger
», Luc Waymel a été chargé de réaliser une carte virtuelle des prévisions avancées par l’inspection académique. «
Elle sortira prochainement. Nous avons les arguments pour contrer ce projet, notamment lorsque le Dasen estime que la réussite est meilleure en milieu urbain, mais il faudra des actions. Les choses se préparent.
»
« Il va falloir se bouger »
«
Il faut s’attendre à une révolution.
» Lancés en conseil communautaire ce mardi, les mots d’André Figoureux, président des Hauts de Flandre, ont fini de réveiller la colère, déjà bien nourrie, des élus du territoire.
«
On s’en prend directement à la ruralité
», proteste Pierre Marle, maire de Bollezeele. «
Les enfants des campagnes n’ont pas moins de possibilités dans leurs études que ceux des villes. Je n’admets pas que l’on puisse tenir ces propos
», s’insurge Catherine Clicteur, maire de Wylder. «
On décide sans demander l’avis des principaux intéressés. On place des pions, comme si les élèves étaient des numéros
», ajoute Gérard Lescieux, qui a appris récemment qu’une classe Ulis (unité localisée pour l’inclusion scolaire) allait ouvrir à Bierne.
Alors que faire «
On ne peut pas rester au stade des courriers.
Il va falloir se bouger. C’est une question de forces
», estime André Figoureux prenant l’exemple des manifestations qui ont réussi par le passé. Et il n’aura aucun mal à mobiliser les foules. Chacun semble prêt à défendre la cause. «
On pourrait envisager une rentrée 2016 d’une certaine façon, en rendant l’école inaccessible quelques jours
», propose Didier Roussel. «
Faire fermer une école, ce n’est pas compliqué, renchérit Hervé Saison, maire d’Hondschoote. D’un autre côté, une motion pourrait être prise encourageant chaque maire à refuser l’inscription d’enfants venant des communes voisines.
» Pour avoir plus de poids, les élus iront enfin jeter un il du côté de la communauté de communes de Flandre intérieure. «
Si la mesure y est aussi violente, on pourrait unir nos forces.
»
Pourquoi un regroupement’
Pour éviter la multiplication des classes uniques, indique l’inspection académique. Pour faire des économies, interprètent les élus du territoire. «
Selon le schéma avancé pour la CCHF, avec les effets de seuil, cela représenterait une économie d’une vingtaine de postes
», évalue Luc Waymel.
Moins de réussite en milieu rural
Hypothèse avancée par le Dasen, et contrée par le maire de Drincham : «
la réussite n’est pas moindre en milieu rural, des études le prouvent. Ce qui pose problème, c’est le manque d’ambition à s’engager dans des études supérieures. Il faudrait donc travailler sur l’orientation.
»