Prix Le Monde de la recherche 2016 , les cinq lauréats en sciences exactes
Remis le 23 novembre, le Prix « Le Monde » de la recherche universitaire 2016 a distingué les thèses de huit jeunes chercheurs français. Le mathématicien Cédric Villani, président du jury pour les sciences exactes, présente les travaux des lauréats.
Mais ce qui est particulièrement beau, dans ce buissonnement, c’est que les branches, souvent, viennent se recouper, se nourrir, se défier et se renforcer. La coopération entre spécialités n’a jamais été aussi active que maintenant, et c’est souvent aux interfaces entre disciplines que naissent les plus belles opportunités scientifiques. Et, sous-jacente à la collaboration entre disciplines, il y a la collaboration entre les individus, qui fait de la science une activité plus passionnante que jamais.
C’est pourquoi le Prix de la recherche universitaire du Monde est toujours attentif aux recherches pluridisciplinaires et aux fertilisations croisées. Loin de déroger à la règle, cette édition 2016 en est l’une des illustrations les plus remarquables ; pour s’en convaincre, il suffira d’examiner les travaux des lauréats ! L’une marie biologie et climatologie, en étudiant l’impact du réchauffement climatique sur les populations de lézards ; un autre applique la physique statistique à l’urbanisme ; une troisième cherche à comprendre les mécanismes moléculaires de la perception pour le développement de l’art du parfum’ Quant aux deux derniers, ils nous rappelleront la puissance de l’approche multidisciplinaire face à un enjeu de société : en effet, tous deux participent à la lutte contre le cancer, avec des compétences remarquablement différentes l’un par la modélisation et l’analyse mathématique, mâtinée de calcul informatique à haute précision ; l’autre par une alliance de technologie et de chimie, via l’encapsulation de chimiothérapies. Après cela, essayez donc de mettre les recherches et les problèmes dans des cases !
Cette tendance lourde et joyeuse au cocktail de disciplines interroge forcément sur les caractéristiques de nos formations. Pour répondre à cette demande, ce serait un leurre que de vouloir former des étudiants aux profils très larges : ce que demande la science, ce sont des jeunes chercheurs ouverts, curieux de tout, habitués à travailler dans des équipes aux compétences multiples et sur des projets complexes ; mais également, et peut-être avant tout, spécialistes d’un sujet et prêts à le partager avec d’autres. Les théoriciens modernes du travail en entreprise évoquent volontiers le « profil en T » du collaborateur idéal qui serait à la fois très compétent dans un domaine précis (le pied du T), très ouvert sur les autres sujets (la barre), et capable d’entraîner ou de se laisser entraîner dans une aventure coopérative. C’est exactement ce dont la société a besoin pour relever les défis de la science moderne.
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