Lomme , deux obus sur un terrain à bâtir et un propriétaire dans la galère
«
Au premier coup de pelle, paf, deux obus
!
» Le propriétaire de ce terrain à bâtir n’en revient toujours pas. Jeudi, vers 9 h 30, les travaux de construction d’un nouveau cabinet d’ostéopathie ont tout juste commencé. Le démarrage de ce chantier, situé rue de l’Église, dans le quartier du Marais, se passe bien. Voilà deux heures que les ouvriers de cette société spécialisée dans la construction express sont à l »uvre. Jusqu’au moment où le godet de la pelleteuse ripe sur deux drôles d’engins. «
Les obus étaient dans l’herbe en train de sortir de terre
», s’étonne encore l’ostéopathe.
À première vue, on les prendrait plutôt pour deux énormes betteraves égarées en pleine ville. Mais c’est d’un tout autre champ dont il est question. On ne sait pas à ce moment-là de quelle bataille il s’agit mais, bien évidemment, les deux engins de guerre sont jugés dangereux
: le chantier est arrêté. La police nationale est sur les lieux. Les fonctionnaires font placer les deux obus à l’écart et les font recouvrir de terre dans l’attente des démineurs. Les obus passent la nuit entourés de quatre piquets ceinturés d’un filet en plastique orange.
Les démineurs de la sécurité civile interviennent dans la matinée de vendredi. Ils viennent de Calais et ce rendez-vous a été ajouté à leur tournée quotidienne. D’emblée, les deux spécialistes font un diagnostic précis. Ce sont des obus de la Première Guerre mondiale. De la qualité allemande. Sans doute usinés dans les années 1915, estime, après un premier examen, l’un des démineurs.
Des produits toxiques
Mais surtout, les deux professionnels tombent d’accord : «
La probabilité d’un accident est faible car les deux obus n’ont jamais été tirés.
C’est un peu comme pour les balles, on voit que la ceinture de forcement n’a pas été rayée.
» Ce qui veut dire que les systèmes de sécurité sont toujours en place. Certes à cent années de distance’ Toutefois, une autre de leurs observations est moins sympathique.
Ils estiment en effet que «
les obus sont douteux
». C’est-à-dire qu’ils pourraient, c’est du conditionnel, contenir des produits toxiques. Pas de l’ypérite mais d’autres substances létales utilisées contre les Poilus dans les tranchées. Elles provoquaient des suffocations redoutables. Des substances relativement dangereuses, donc. En attendant, le propriétaire du terrain est dans de beaux draps. Il ne sait pas si son terrain de 125 m² ne contient pas d’autres mauvaises surprises.
Dépollution du terrain : qui paye
Vendredi, le propriétaire du terrain ne savait pas quand le chantier pourrait reprendre. Il est dans une situation bien singulière : le terrain doit être dépollué avant reprise du chantier. Et comme personne ne sait si d’autres munitions n’y sont pas enfouies, il est nécessaire de le sonder. D’ailleurs, la société belge avait préparé la parcelle à cette fin dès jeudi.
Mais qui va payer Tout de même victime des circonstances, le propriétaire apprend tout d’abord que sondage et dépollution seraient à sa charge. Coût des devis : «
Entre 3 000 et 4 000 .
» Mais depuis, il a pris conseil auprès d’un juriste et il apparaîtrait que la «
recherche, la neutralisation et l’enlèvement sont de la compétence du ministère de l’Intérieur
». Quoi qu’il en soit, «
c’est pour l’instant le flou le plus complet
».
Des modèles datant de 1912
Des obus allemands. Les deux obus longs de 500 mm seraient des modèles datant de 1912 d’après les constatations des démineurs calaisiens. Les deux spécialistes récoltent entre 300 à 500 kg d’obus à chacune de leur tournée quotidienne dans la région Nord – Pas-de-Calais.
Que vont devenir les obus Ils sont d’abord triés puis détruits. Mais les deux engins retrouvés à Lomme vont être examinés pour savoir s’ils contiennent des gaz toxiques. Dans ce cas, ils doivent être vidés avant destruction.
Y a-t-il d’autres engins dans le terrain Difficile de le savoir sans sondage. Mais de l’avis des démineurs, après la Première Guerre, les terrains ont été nettoyés. Ces deux-là ont pu être oubliés.