Lille , le Furet du Nord gagne en appel le droit de laisser branché son écran géant
Pollution visuelle, criaient les antipubs. Infraction au Code de l’environnement, martelait la mairie. Rien du tout, vient de trancher la Cour d’appel de Douai. À la grande satisfaction du Furet du Nord. «
L’écran ne bougera pas
», résume Pierre Coursières. Mais le président de l’enseigne nordiste se garde de tout triomphalisme : «
En être arrivés là est désolant, dans un moment compliqué pour le commerce, où tout le monde devrait tirer dans le même sens. On a des choses plus intéressantes à discuter avec la mairie.
»
« Totalement interdit »
Mairie qui subit là un cuisant revers. Dès son installation à l’été 2012, le dispositif lumineux de 8 m², tel qu’il en pousse de plus en plus au bord des routes, s’était attiré autant d »ufs des Déboulonneurs (des militants antipubs) que d’invectives municipales. L’écran, «
clairement de nature publicitaire
», est «
totalement interdit
», accusait à l’époque l’adjoint au maire Jacques Richir. Que la dalle fût fixée derrière la vitre, donc à l’intérieur du magasin, n’émouvait pas la ville, qui saisissait la justice. Le 12 février 2015, le tribunal correctionnel de Lille lui donnait gain de cause et condamnait le Furet. Qui s’empressait de faire appel du jugement.
« Nous nous réservons la possibilité de nous pourvoir en cassation »
Bien lui en a pris : la Cour d’appel a refusé de considérer comme un support publicitaire le local où l’écran est installé. «
Le Furet du Nord n’avait pas besoin d’autorisation particulière pour l’installer
», conclut l’arrêt. «
C’était notre liberté, traduit Pierre Coursières, d’autant qu’on fait ça proprement, avec un cahier des charges strict.
» Comprendre que le Furet appâte certes le chaland, mais avec goût et tact.
La ville n’a pas tout perdu. Elle a obtenu gain de cause derechef sur l’illégalité d’inscriptions et de kakémonos (banderoles verticales) accrochées à la façade du Furet. Mais les amendes prononcées à Lille ont été rabotées à Douai, et la librairie ne sera même pas tenue de décrocher ces enseignes.
Passée à un cheveu du camouflet, la municipalité se murait, hier, dans le laconisme : «
Nous nous réservons la possibilité de nous pourvoir en cassation.
» Les discours martiaux de 2012 semblent loin. Enfin, pas pour tout le monde. «
On est déçus et on retournera l’attaquer, promet Marion, des Déboulonneurs. Que l’écran soit à l’intérieur ou à l’extérieur, ça ne change rien moralement.
»