Les supporters inquiets , Avant de remettre les pieds au Stade de France je veux me rassurer
Yannick Vanhée, le président des Corsaires, n’a jamais vu cela en dix-neuf ans de présence dans la section de supporteurs des Bleus. Mardi après-midi, un minibus contenant seulement neuf personnes quittera Dunkerque pour rejoindre Saint-Denis.
C’est quinze fois moins que vendredi pour Amsterdam (ils étaient 160 sur 258 adhérents) et d’habitude un déplacement au Stade de France, « c’est minimum un bus de cinquante personnes. » L’effet 13 novembre est passé par là…
Ce soir-là, 130 personnes ont trouvé la mort dans une série d’attentats dans la capitale française et trois explosions ont notamment résonné autour de l’enceinte sportive, pendant France – Allemagne.
Des images et des bruits encore bien présents dans toutes les têtes. « J’ai des fidèles qui ne me l’ont pas dit clairement mais le chiffre est là. Je pense que bizarrement, tout se mélange, l’effet attentat comme l’effet Euro et l’aspect financier. Il y a déjà eu un match vendredi et certains de nos membres ont préféré aller aux Pays-Bas. Ce match en pleine semaine oblige aussi à prendre une voire deux journées de congés », explique Yannick Vanhée, qui n’aurait manqué ce nouveau rendez-vous des Bleus pour rien au monde. « Il y aura une appréhension mais je suis un peu fataliste. On a vécu des moments difficiles, mais si on s’arrête à cela, on ne fait plus rien. »
Autre membre des Corsaires depuis quinze ans, Jean-Baptiste restera chez lui. « Avant de remettre les pieds au Stade de France, je veux me rassurer. Je conserve des images et des pensées encore trop fortes de la soirée du 13 novembre », insiste le Dunkerquois.
« Une petite inquiétude demeure »
Le bruit des explosions, cet ami dont il n’a pas eu de nouvelles pendant trente minutes car emporté par le mouvement de panique à la sortie du stade, et sa fille de neuf ans, inquiète, qui l’attendait à son retour, à 4 h 30.
« Une petite inquiétude demeure pour l’instant. D’ailleurs, pour l’Euro, j’ai pris des places pour les matchs des Bleus à Marseille et à Lille. Pas à Saint-Denis. Je veux reprendre un premier contact avec les Bleus ailleurs qu’au Stade de France. »
Interrogés dès vendredi après Pays-Bas – France, les joueurs n’ignoraient pas l’émotion qui enveloppera cet ultime match de préparation.
Olivier Giroud était optimiste : «
Nous sommes avant tout des humains et ça nous touche de retourner dans ce stade. On espère aussi une belle répétition générale avant un match important le 10 juin contre la Roumanie. Il va falloir rendre hommage aux victimes de cet attentat tout en donnant du plaisir à nos supporters. » Qu’ils soient assis dans le Stade de France ou dans leur canapé devant leur poste de télévision.