Lens , huit jours de prison pour avoir crevé les pneus de la voiture du maire
À Lens, on ne touche pas à la voiture de Monsieur le maire ! Quand celui-ci a trouvé deux pneus de sa voiture crevés, fin février, il a porté plainte au commissariat. Les policiers déploient alors les gros moyens : caméra installée devant le domicile du maire, relevés de la police scientifique, etc.
Le mis en cause nie en bloc
Alors, quand deux pneus de sa voiture sont de nouveau crevés le 6 mars, les policiers visionnent les images et identifient un homme, un SDF bien connu à Lens. Un rapprochement est fait avec deux autres pneus crevés dans la même rue en février. La victime avait déclaré avoir eu un différend avec ce SDF dans un café-PMU. Il avait menacé de brûler sa voiture et de crever les pneus.
Interpellé, le SDF avait nié en bloc, expliquant qu’il se couchait à 19 h 30 et ne se levait qu’à 5 h 30 avec le passage des services de nettoyage de la ville. Les crevaisons ayant été commises au milieu de la nuit, impossible que ce soit lui.
« En aurait-on fait autant pour le citoyen lambda »
Incarcéré depuis un mois, Frédéric Évrard, 65 ans, a encore nié les faits mercredi. Sur la vidéo, lui oppose la présidente, on voit pourtant un homme avec une canne, un blouson similaire, une casquette’ comme lui. «
Y’a plus d’un baudet qui s’appelle Martin !
» rétorque-t-il. Les traces de gommes relevées sur son couteau «
N’importe quoi !
» La vidéo «
C’est tout des montages. Avec Internet c’est facile, c’est tout des complots.
» Le Lensois avec qui il aurait eu un différend «
J’connais pas ce guignol, c’est un rigolo’
» Interrogé sur un possible grief envers le maire, le sexagénaire explique qu’à part «
un logement promit il y a 10 ans et rien après. Et que je ne suis pas socialiste, je suis FN
», rien.
Trois mois de prison requis
Mais pour le procureur, il y a «
beaucoup d’éléments concordants assez troublants
». Assez pour requérir trois mois de prison et l’interdiction de paraître dans la rue du maire pendant un an. En réponse, Me Chabé s’est d’abord étonné «
des moyens développés pour des pneus crevés. En aurait-on fait autant pour le citoyen lambda
» Il a plaidé la clémence pour un homme qui nie et qui a surtout une vie difficile : la rue depuis 25ans et de graves problèmes de santé.
Les juges ont entendu ces arguments en condamnant Frédéric Évrard à huit jours de prison. Il devra payer 741,30 de dommages et intérêts à la Ville de Lens et 140 au Lensois.
La réaction de Sylvain Robert
Suite à la décision de justice qui a condamné un homme à huit jours de prison pour avoir crevé les pneus du maire (lire ci-dessus), Sylvain Robert a décidé de réagir.
Il rappelle «
que la voiture en question était celle de fonction. En d’autres termes, dégrader ce véhicule à deux reprises équivaut, de fait, à dégrader un bien public. À chaque dégradation d’un bâtiment public (école, salle de sport, enceinte culturelle, mobilier urbain etc.), la municipalité entreprend la même démarche : à savoir, un dépôt de plainte systématique au commissariat, qui lance de son côté le processus d’identification afin de retrouver le ou les présumé(s) coupable(s). Ce n’est malheureusement pas la première fois
».
Dans cette affaire, «
ce n’est pas Sylvain Robert, l’homme, qui a attaqué en justice mais le représentant territorial, qui a défendu les intérêts de la Ville, en l’occurrence son parc automobile. La justice a décidé que le condamné devrait payer 741,30 euros de dommages et intérêts à la Ville de Lens, ce qui est équivalent au dégât matériel, aux frais de justice et d’assurance, au déplacement de la fourrière, etc.
».