Grande-Synthe , l’État s’engage dans le financement du camp de migrants de la Linière

Grande-Synthe , l'État s'engage dans le financement du camp de migrants de la Linière

Damien Carême, le maire de Grande-Synthe, l’avait qualifiée «
d’efficace et constructive
». Sa rencontre avec le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, s’est finalement soldée par «
une bonne nouvelle
». Après, avoue Damien Carême, «
avoir été sermonné pendant quelques minutes
», l’État, qui ne voulait pas de ce camp, a décidé d’accompagner financièrement la ville de Grande-Synthe dans le fonctionnement du camp de migrants de la Linière. S’il n’est pour l’instant pas certain qu’il s’agisse d’une aide totale, le maire écologiste «
espère que la totalité du coût de fonctionnement sera prise en compte. Nous devons affiner les montants.
»

Après un mois d’existence du camp, les factures commencent à s’empiler. Elles comprennent le nettoyage des sanitaires, la médiation sociale assurée par l’Afeji, «
la déambulation et la présence 24 h sur 24
», la sécurité et le gardiennage du camp «
pour tenir éloignés les passeurs, car l’accès aux douches, aux prises d’électricité doit rester gratuit pour les habitants du camp
». Si ces frais sont estimés entre 3,5 et 4 millions d’euros par an, il convient de les chiffrer au plus près pour s’assurer l’engagement de l’État. «
Nous mettons la main à la pâte pour que dans quinze jours, trois semaines, les dépenses soient fixées
», avance-t-on à la municipalité.

Quant au remboursement des investissements déjà réalisés dans le cadre du déménagement, le dossier de demande de financement se dirige vers les fonds européens. «
Une réunion à Strasbourg est prévue.
»

Déjà 500 000 investis

Quelque 500 000 ont été investis notamment dans la réalisation d’une barrière séparant la Linière de la voie ferrée. La commune conserve toujours le projet d’un appel de fonds car «
ces dépenses ne doivent pas être prises sur le budget de la ville. Le conseil municipal a validé une avance de l’ordre de 360 000 aux associations Utopia et à l’Afeji, mais il ne s’agit que d’une avance. Et nous ne pourrons pas aller au-delà.
»

«
Une bonne nouvelle
» que cette annonce du ministère de l’Intérieur donc, plus qu’une «
victoire
» selon le maire grand-synthois : «
J’ai toujours dit que nous avions besoin de l’État. Qu’il s’agissait de la compétence de l’État que d’assumer cette charge-là.
»

Trois conditions en voie de finalisation

L’engagement de l’État dans le financement du camp de la Linière tenait en trois conditions.

‘ La création d’un comité de pilotage d’abord, réunissant la sous-préfecture, la police, les communes de Grande-Synthe, et certaines comme Téteghem et Loon-Plage, le procureur de Dunkerque, le Grand Port maritime, l’Office français de l’immigration et de l’intégration, etc., en somme toutes les instances jouant un rôle dans la gestion de l’arrivée de migrants sur le territoire. Si ces équipes étaient déjà en contact régulier, le comité de pilotage officialise ces moments de rencontre et permet «
un lieu d’échanges permanents
».

‘ L’entière mise en sécurité du camp devait également répondre à une série de points. Deux d’entre eux, «
plus compliqués à mettre en uvre
», sont en cours de réalisation. Une solution est à l’étude concernant le mur antibruit qui doit être aménagé le long de l’autoroute A16 et qui éviterait les franchissements. Il en est de même concernant l’espacement requis de 5 mètres entre les cabanons. Une mesure compensatoire avec la pause d’une cloison de résistance au feu renforcée a été validée par un bureau de contrôle, «
nous attendons maintenant le retour du Service départemental d’incendie et de secours
».

‘ La rédaction d’une convention de promotion du droit d’asile est en cours. Sur ce point, le maire de Grande-Synthe évoque une avancée : «
S
ur les 300 personnes qui ont bénéficié du plan grand froid, 157 ont fait leur demande d’asile. Le fait d’être hébergé leur a permis de se poser et je suis persuadé qu’à la Linière, le fait de ne plus vivre dans la boue en encouragera d’autres à faire leur demande.
»

Une population stable

Selon le dernier recensement, environ 1 276 réfugiés, dont 139 enfants et 111 femmes, vivent dans le camp de la Linière. Contrairement à ce qui était attendu, le démantèlement de la zone sud du camp de Calais n’a pas provoqué «
d’appel d’air à Grande-Synthe. la population est stable
», assure Damien Carême.

Depuis le déménagement du camp du Basroch vers celui de la Linière, la vie dans le camp s’organise. Les services de santé sur place ont vu arriver du renfort avec une association d’aide dentaire. Et un projet de cuisines où chacun pourrait préparer son propre plat est en construction.

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