Foot-Euro 2016 , Benzema sacrifié sur l’autel de l’exemplarité

> Pourquoi une telle décision

Les motivations ne manquent pas. En tête, assez largement, l’image de l’équipe de France. Depuis la révélation de l’affaire de la sextape de Valbuena, depuis la publication des écoutes téléphoniques avec son ami d’enfance Karim Zenati, peu glorieuses, la pression populaire est terrible
: une large frange du grand public ne veut plus de Benzema, sans qu’on connaisse la part de raisons objectives et les autres, moins avouables. La Fédération, via son président Noël Le Graët, a joué la montre, en espérant l’amnésie générale, mais celle-ci n’est jamais arrivée. Comme expliqué dans le communiqué de la FFF, partie civile et donc en possession du dossier d’instruction, il n’y a juridiquement rien contre Benzema, mis en examen en attendant le verdict de la justice.

Dès lors, qu’est-ce qui a joué contre le buteur madrilène Une énième affaire (de blanchiment en bande organisée dans laquelle Benzema a seulement été entendu en qualité de témoin), mais pour laquelle l’attaquant n’a pas pris soin de prévenir Le Graët et/ou Deschamps, pourtant venus au soutien publiquement sur celle de la sextape. Le dernier rassemblement des Bleus, avec deux victoires probantes et un esprit offensif et joyeux, a fini de convaincre l’état-major : il sera plus simple de faire sans Benzema, qui peut représenter une bombe à retardement médiatique en pleine compétition. Et ça, c’est une logique difficilement attaquable.

> Y a-t-il une vie sans lui

Évalué individuellement, l’attaquant du Real Madrid n’a pas d’équivalent en France, ce que savent pertinemment Le Graët et Deschamps, ce dernier ayant espéré jusqu’au bout une issue favorable dans ce dossier. Le sélectionneur voulait Benzema parce qu’aucun autre n° 9, de Giroud à Gignac, ne possède son profil, technique, avaleur d’espaces et créateur de brèches. Reste que le dernier rassemblement a instillé un doute sur le plan collectif : et si les Payet, Griezmann et autres Coman étaient plus libres dans leurs mouvements et dans leur expression collective sans le joueur du Real, qui cannibalise l’attraction quand il est sur le terrain La question est légitime.

Les statistiques sont formelles : l’équipe de France est plus efficace avec le joueur formé à Lyon, sauf quand on se penche’ sur les grandes compétitions. Zéro but à l’Euro 2008, idem en 2012, pour trois buts au Mondial 2014, tous inscrits en phase de groupe. Mais on peut aussi estimer qu’à 28 ans, il est dans la forme de sa vie, à l’apogée de sa carrière. Et que face à des équipes comme la Roumanie (premier match de l’Euro), on pourrait rapidement déchanter et sentir le poids de son absence.

> À qui va profiter son absence

Didier Deschamps doit rendre publique sa liste des 23 pour l’Euro (10 juin – 10 juillet) le 12 mai prochain. Olivier Giroud est évidemment rassuré par cette décision : en difficulté à Arsenal, il aurait pu être une victime collatérale d’un retour de Benzema sur l’échiquier bleu. C’est tout le contraire : Didier Deschamps ne se privera pas de son deuxième attaquant d’expérience, au profil physique si nécessaire dans un groupe de 23.

C’est derrière que cela pourrait bouger : Gignac, loin des Bleus, revient en grâce, et les bonnes dispositions affichées par l’attaquant des Tigres lors du dernier rassemblement vont peser lourd. Si Griezmann est appelé à dépanner ponctuellement dans l’axe, cela pourrait en outre inciter Deschamps à prendre un joueur polyvalent supplémentaire, type Ben Arfa ou Fékir. Enfin, d’un point de vue moins sportif, davantage lié à la vie du groupe, l’absence de Benzema pourrait profiter à ceux qui, dans le vestiaire des Bleus, n’ont rien fait pour éviter cette mise à l’écart. Ils existent.

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Malheureusement pour moi et pour tous ceux qui m’ont toujours soutenu et supporté. Je ne serai pas sélectionné pour notre Euro en France…

‘ Karim Benzema (@Benzema) April 13, 2016