Enterrée en France l’écotaxe poids lourds arrive en Belgique
Chez nous l’écotaxe est enterrée. En Belgique, une taxe kilométrique s’applique à partir de ce vendredi à tous les poids lourds circulant sur un large réseau routier et autoroutier belge. Le tarif varie entre 0,074 et 0,292 du kilomètre. Le montant exact dépend du poids du camion, de ses émissions, et du type de route emprunté.
Tous les véhicules de plus de 3,5 tonnes sont visés, belges, mais aussi étrangers. Notre région est évidemment très concernée, avec un grand nombre de transporteurs travaillant avec nos voisins.
Basée à Tourcoing, la société Beuschart ne roule qu’en Belgique. Le patron, Francis Juncker, est prêt : il a reçu les boîtiers pour ses camions qui, via un système GPS, permettent le calcul en temps réel. Mais une quarantaine de portiques et des brigades mobiles repéreront les contrevenants sans boîtier. Peu recommandé : l’amende est de 1 000 .
M. Juncker a fait ses calculs : «
Un aller-retour à Anvers coûte 42-44 et un camion sait en faire deux quotidiennement. Jusqu’alors, nous ne payions qu’une eurovignette de 8 par jour qui nous permettait d’aller dans tout le Benelux.
»
Selon les transporteurs belges, cette taxe représenterait une hausse de 8 % du coût de transport.«
Si le client ne le prend pas en charge, le transporteur est mort. La marge moyenne est autour de 1 %
», pointe M. Juncker, par ailleurs président régional du syndicat des transporteurs UNOSTRA. «
Or, certains clients refusent. Ou alors pinaillent.
» D’autres difficultés se posent : les chargements avec plusieurs clients, la prise en charge d’éventuels allers ou retours à vide.
Entretien des routes
À la FNTR, principal syndicat de transporteurs français, Olivier Arrigault indique que «
la profession vit d’autant plus mal cette nouvelle taxe que la situation est très morose en ce début d’année
».
L’État belge entend collecter 750 millions qui doivent aller à l’entretien des routes. Contrairement à l’écotaxe française (abandonnée), il n’y a pas eu de grosse levée de bouclier. «
En même temps, c’est peu dans leur pratique, je ne me souviens que d’un blocage, et encore c’était les chauffeurs
», rapporte M. Juncker. Qui reconnaît que cette taxe pourrait «
un peu changer les mentalités
» : pousser à l’équipement de camions plus récents, moins polluants, et inciter à rouler plus « à plein ». En revanche Olivier Arrigault redoute qu’une partie du trafic se reporte sur nos routes françaises, en particulier régionales.