Cyclisme , Peter Sagan l’homme qui donne du sourire au Tour des Flandres
Fabian Cancellara ne gagnera jamais le Tour des Flandres pour la quatrième fois. Peter Sagan qui veut absolument accrocher San Remo, le Ronde et Roubaix à son palmarès a ouvert sa vitrine réservée aux monuments par la centième édition de cette course épique et tenue dans la plus haute estime des vrais connaisseurs du patrimoine cycliste. Le Slovaque (cinquième champion du monde à triompher) est reparti avec un trophée, disons moderne, et avec une immense couronne de lauriers métallisés autour du cou.
Jusqu’à sa consécration au championnat du monde de Richmond, il dégageait le paradoxe d’un coureur à la popularité démesurée au regard d’un palmarès vierge d’une très grande victoire. Pour une (infime) partie des observateurs, il devait davantage ce capital de sympathie à ses pitreries en dehors de la course. Ce qui était une injustice.
Rrare et réjouissante unanimité
Dimanche matin, son entourage avait encore mis en scène sa descente du bus sur la musique de Star Wars. Dans l’après-midi, il a éparpillé l’opposition d’un dernier coup de rein pour lâcher Vanmarcke dans l’ultime ascension du Paterberg. Puis, il a résisté au retour du Belge et de Cancellara jusqu’à l’arrivée. Il a salué son exploit sur la roue arrière de sa machine, il est passé au contrôle antidopage, il a pris le temps de poser avec une vingtaine de gamins du coin.
C’est une rare et réjouissante unanimité. Avec Sagan, c’est la preuve qu’on peut gagner en s’amusant. «
Je ne peux pas concevoir ce métier sans essayer de sonner du sourire à la course
», a-t-il rappelé de sa voix légèrement nasillarde en conférence de presse.
Plus solennel, le Slovaque a aussi dédié son succès «aux deux coureurs le Belge de l’équipe Roubaix-Métropole Européenne de Lille, Daan Myngheer, et son compatriote Antoine Demoitié, heurté par une moto à Sainte-Marie-Cappel, lors de Gand-Wevelgem qui sont récemment décédés
». Dans ce contexte lourd, son succès est peut-être la meilleure chose qui pouvait arriver au vélo.
Sagan ouvre un nouveau volet de la grande carrière qui lui est promise depuis ses fracassants exploits chez les juniors. On peut lui souhaiter un triomphe à la romaine à Roubaix. Il n’esquive pas le rendez-vous : «
Le Tour des Flandres et Paris-Roubaix sont mes plus grands objectifs de la saison. Roubaix, c’est un autre monument ! Ça donne confiance, mais je vais d’abord profiter de cette victoire parce qu’elle a été très difficile à obtenir. Ça fait six ans que je cours le Ronde. Ce fut le plus dur parce qu’on a toujours roulé à bloc depuis le départ. Tous ceux qui
étaient en forme seront encore présents dimanche.
»
Classement messieurs
1. Sagan (SVQ, Tinkoff), les 255 km en 6 h 10’37 ; 2. Cancellara (Sui, Trek) à 25 » ; 3. Vanmarcke (Bel, LottoNL) à 28 » ; 4. Kristoff (Nor, Katusha) à 49 » ; 5. Rowe (G-B, Sky) ; 6. Van Baarle (P-B, Cannondale) ; 7. Erviti (Esp, Movistar) ; 8. Stybar (RTC, Etixx) ; 9. Dimitri Claeys (Bel, Wanty) ; 10. Terpstra (P-B, Etixx) ; 11. Boom (P-B, Astana) ; 12. Thomas (G-B, Sky) tmt ; 13. Vandenbergh (Bel, Etixx) à 56 » ; 14. Lutsenko (Kaz, Astana) à 1’00 ; 15. Boonen (Bel, Etixx) mt… 31. Gaudin (Fra, ALM) à 2’03… 46. Petit (Fra, Direct Énergie) à 7’19. 118 coureurs à l’arrivée.
Armitstead la plus forte
La championne du monde britannique Elizabeth Armitstead a enlevé la course chez les dames, devançant de justesse sa compagne d’échappée, la Suédoise Emma Johansson, peu de temps avant l’arrivée du premier groupe de poursuite réglé par la Néerlandaise Chantal Blaak. Pauline Ferrand-Prévot a fini huitième.
Démare râpé, Petit encouragé
La course s’est achevée à 140 kilomètres de l’arrivée pour Arnaud Démare (FDJ), victime d’une chute à l’avant du peloton, qui l’a contraint à l’abandon. Selon son équipe, le Picard aurait été déséquilibré alors qu’il était en train de se ravitailler. On négociait l’approche de la deuxième difficulté (le Kortekeer) lorsqu’il s’est retrouvé étalé sur tout le côté droit.
«
Il est bien brûlé
», a commenté hier Marc Madiot. Le coureur et ses parents ont assisté à l’arrivée depuis l’hôpital de Renaix, où il a passé quelques examens. «
Ça va piquer, mais sa participation à Paris-Roubaix n’est pas remise en cause
», a encore assuré le manager de la FDJ.
Adrien Petit (46e, à 7’49 ») est ressorti de ce Ronde avec des encouragements. «
J’ai sauté au Koppenberg (à 45 km de l’arrivée), mais je n’avais vraiment plus de jus, a raconté l’Arrageois, qu’on a longtemps vu dans les vingt premières places du peloton. C’était ma course la plus longue depuis le début de la saison et j’ai payé mon abandon sur Gand-Wevelgem. S
i je tiens la même forme et que je n’ai pas d’ennui mécanique, je peux faire quelque chose de bien à Roubaix.
»
F. R.