En direct , le cortège parisien contre la loi travail suivra un parcours proposé par le ministère

En direct , le cortège parisien contre la loi travail suivra un parcours proposé par le ministère

Pour A. Bachelay (PS), le gouvernement a fait de la « provoc » ce matin. « Ce n’est pas raisonnable, il est dans la passion excessive »

A 17 heures, Michel Noblecourt, journaliste du Monde qui suit les organisations syndicales viendra échanger avec vous sur ce nouveau revirement dans le mouvement de contestation contre la loi travail. Vous pouvez déjà poser vos questions.

Dans un communiqué publié après l’autorisation de manifester finalement délivrée par le gouvernement, le Parti communiste français s’est félicité d’une « victoire de la mobilisation et de la détermination des démocrates à faire respecter les libertés publiques fondamentales », avant de rappeler son objectif : le retrait de la loi travail, contre laquelle le PCF appelle donc à manifester demain et le 28 juin.

« Tout a été fait du côté des pouvoirs publics (…) pour permettre cette expression démocratique. » »La manifestation aura lieu mais chacun devra faire preuve de la plus grande responsabilité » afin de prévenir de nouvelles violences, a dit le premier ministre, appelant les organisateurs à « respecter leurs engagements » quant au déploiement d’un service d’ordre pour soulager les forces de police.

Nicolas Chapuis :  Ce chat s’arrête là. Merci à tous de l’avoir suivi et merci pour les nombreuses questions. Je n’ai pas pris les questions sur le défilé et sur les syndicats car Michel Noblecourt, spécialiste au Monde des questions syndicales, viendra vous répondre plus spécifiquement vers 16 h 30. A bientôt.

Le cafouillage de ce matin relève t-il, pour vous, d’une lutte entre deux lignes : celle de Valls (plus dur) et celle de Hollande ( moins intransigeante) Et pourrait on faire l’analogie pour le retrait ou non de la loi travail Jean Nicolasà 15:28

Nicolas Chapuis : Il n’y a aucune analogie à faire avec le retrait de la loi travail. François Hollande est persuadé du bien-fondé de cette réforme, autant que Manuel Valls. En revanche, il est certain que les deux hommes n’ont pas la même façon de gérer les situations. Si la confrontation fait partie de l’ADN du premier ministre, François Hollande est plus porté sur la négociation. Cela étant dit, la décision d’interdiction de ce matin, si elle n’a pas été impulsée par l’Elysée, a été au moins validée par le président. En résumé, si la méthode diffère, les deux hommes ont la plupart du temps une convergence de points de vue sur le fond.

…peut-on imaginer que F. Hollande n’ait pas donné son accord pour l’interdiction de ce matin Guillaumeà 14:59

Nicolas Chapuis : L’Elysée a réagi ce matin, mais de manière ambiguë, en renvoyant la responsabilité de la prise de décision « aux acteurs de terrain » (la préfecture et le ministère de l’intérieur). Mais face à la bronca de toute une partie de la gauche, François Hollande semble avoir remis son nez dans le dossier. Même la CFDT, principal allié du gouvernement, a critiqué l’interdiction. Cela a dû provoquer un signal d’alarme à l’Elysée.

J’ai du mal à suivre…les commentateurs: le gouvernement ne cède pas et il est trop autoritaire, le gouvernement accède partiellement aux demandes des syndicats et c’est un cafouillage…Ne devrait-on pas se féliciter que plusieurs opinions s’expriment de façon transparente et qu’une ligne consensuelle se dégage à la fin Solonà 15:12

Nicolas Chapuis : Si tout cela s’était fait dans la concertation, je vous rejoindrais… Mais ce n’est pas ce à quoi nous avons assisté ce matin. La préfecture de police a annoncé l’interdiction d’une manifestation, information confirmée par le ministère de l’intérieur, Matignon et l’Elysée. Puis les syndicats ont annoncé que finalement la manifestation était maintenue. A aucun moment la décision n’a été assumée politiquement, ni dans un sens ni dans l’autre. D’où le sentiment de confusion qui règne.

Pourquoi relayer cette idée qu’il y aurait eu une interdiction de manifester Ne s’agissait-il pas seulement d’un encadrement : manifester sans défiler… Peut-on dire que ce n’est pas aussi un moyen de manifester Alexà 15:15

Nicolas Chapuis : Non, il y a bien eu une interdiction de manifester ce matin, délivrée par la préfecture de police de Paris. La manifestation statique n’a jamais convaincu les syndicats, donc il n’y a eu aucun dépôt de demande en ce sens, (donc aucune interdiction).

Beaucoup de bruit … Quand arrêtera-t-on de faire passer la forme avant le fond Et quand donnera -ton l’importance qu’ils méritent aux évènements – et pas plus… Il y a des choses bien plus importantes et plus graves à régler… Ne distrayons pas le gouvernement de sa tâche de base cbddsà 15:09

Nicolas Chapuis : Nous considérons que l’interdiction d’une manifestation syndicale (puis son autorisation) est un événement d’importance. La dernière fois que l’Etat n’a pas autorisé un défilé syndical, c’était pendant la guerre d’Algérie. Une telle décision (encore une fois, si elle s’était confirmée) aurait marqué l’un des moments les plus importants du quinquennat.

Ce qui ne nous empêche pas faire des articles de fond sur le projet de loi et ce qu’il contient.

Ne pensez vous pas justement que vu l’état d’intransigeance des syndicats qui pensaient jouer la un coup. le compromis trouvé est le résultat du jeux de role entre le gouvernement et la CGT Maintenant qu’il y aura une manifestation que pensez vous de la responsabilité engagée des syndicats. emitayeà 15:08

Nicolas Chapuis : Il est certain que le compromis trouvé permet à chacun de sauver les meubles. Le gouvernement espère avoir une manifestation avec moins de débordements, et les syndicats peuvent faire valoir le fait qu’ils ont arraché l’autorisation de manifester au gouvernement.

Mais l’impression laissée est désastreuse. Il y a eu un branle-bas de combat contre le gouvernement d’une grande partie de la gauche ce matin après l’interdiction de la manifestation. Et ces gens-là gardent un goût amer. De l’autre côté, ceux qui étaient pour l’interdiction considèrent désormais que le gouvernement a cédé. Valls et Hollande risquent d’être perdants sur les deux tableaux.

La CGT et Fo ne jouent-ils pas Cazeneuve contre Wallsmidodoà 15:04

Nicolas Chapuis : Le rôle du ministère de l’intérieur au milieu de Hollande et Valls est difficile à discerner. A Beauvau, on avait pleinement conscience que l’interdiction de la manifestation ne garantissait en rien qu’il n’y aurait pas de débordements. Au contraire. Plusieurs compagnies de CRS supplémentaires auraient été mobilisées pour contrôler les manifestations « sauvages ». Le contact n’a d’ailleurs jamais été rompu avec les syndicats qui, dès l’interdiction prononcée, se sont rendus au ministère.

Je trouve pour ma part que le gouvernement et les médias ne parlent quasiment que des manifestations, de leurs casseurs, de leurs interdictions, mais très peu des revendications, j’ai vraiment l’impression comme aujourd’hui, que syndicats et État se font un p’tit bras de fer entre potes, sincèrement, pour en revenir au sujet, la stratégie du gouvernement, qui n’a je pense pas été d’essayer supprimer cette manifestation, mais de monter qu’ils avaient le contrôle de la situation, serait-on dans une période où l’on oublie toute forme d’intelligence et l’on s’adonne à un simple rapport de force Lapin Comprisà 14:58

Nicolas Chapuis : La tenue ou non de la manifestation est la question du jour. Il me semble donc normal que les médias en fassent leur principal sujet. Il me semble aussi que, sur le fond du texte, rarement un projet de loi aura été autant décrypté (l’article 2 notamment, sur l’inversion de la hiérarchie des normes). Cela dit le texte reviendra à l’Assemblée nationale au début de juillet. Vous pouvez alors être sûr que son contenu sera à nouveau décortiqué sur LeMonde.fr.

Sur la deuxième partie de votre question je suis en partie d’accord. L’exécutif a voulu montrer aux syndicats qu’il était prêt à aller au bout de sa logique en interdisant la manifestation. Le problème, c’est que tout ce qui ressort de ça est une grande impression de confusion, avec des ordres, des contre-ordres. Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, parlait encore d’interdiction de la manifestation lors de son point-presse mercredi à midi, alors que les syndicats avaient déjà négocié avec Beauvau l’autorisation de la manifestation. Tout cela ne fait pas très sérieux.

Est-ce un camouflet pour Valls’ChristianDà 14:46

Nicolas Chapuis : L’ensemble du gouvernement risque de pâtir de ce cafouillage qui donne du grain à moudre à ceux qui estiment que ce quinquennat est mal géré. Cela dit, dans les arbitrages internes qui ont eu lieu, la ligne Valls, celle de l’épreuve de force, a perdu. Ce matin, l’Elysée s’était curieusement désengagée de la prise de décision, reportant la responsabilité sur la préfecture de police et sur le ministère de l’intérieur. François Hollande, qui était sur la ligne du compromis avec les syndicats, semble avoir repris la main dans ce dossier.

N’assiste t-on pas à une absence totale de stratégie de la part de l’exécutif Vivianeà 14:40

Nicolas Chapuis : la question peut légitimement se poser, vu le sentiment d’improvisation qui se dégage de cette matinée. La décision d’autoriser la manifestation semble avoir été prise en plusieurs étapes. Le ministère de l’intérieur ne voulait pas du parcours proposé à l’origine par les syndicats entre Bastille et Nation. La préfecture avait fait une contre-proposition de rassemblement « statique » à Nation. Une option rejetée par les syndicats.

A ce point de blocage, le gouvernement a semble-t-il voulu montrer qu’il irait au bout de sa démarche en interdisant la manifestation par un communiqué de la préfecture ce matin. Les syndicats ont ensuite été reçus Place Beauvau. Les discussions ont abouti à un entre-deux : un parcours raccourci autour du bassin de l’Arsenal, une sorte de compromis entre le défilé et le rassemblement statique.

Voilà pour les négociations entre les syndicats et la préfecture.

Mais l’impression qui ressort de tout cela est quand même celle d’une absence de gestion politique et de profonds désaccords quant à la stratégie à adopter entre Manuel Valls et François Hollande.

Vous pouvez dès maintenant poser vos questions à Nicolas Chapuis, chef du service politique du Monde, concernant la stratégie du gouvernement après sa décision d’autoriser une manifestation à Paris contre la loi travail autour du bassin de l’Arsenal, jeudi 23 juin.

Lors d’une brève conférence de presse, Bernard Cazeneuve appelle les organisations syndicales « à la responsabilité. Aucun débordement, aucune violence ne sera tolérée ».

Pour Guillaume Balas, député européen de l’aile gauche du PS, « la sagesse a prévalu en autorisant la manif, mais tout cela a montré un dysfonctionnement gouvernemental grave ».

La décision d’autoriser finalement la manifestation parisienne de jeudi provoque les railleries de Jean-Luc Mélénchon sur Twitter, qui évoque un « Valls obtus et confus ».

Leave A Reply