Heetch l’application française de covoiturage urbain fait un tabac à Lille

1. Le contexte.

Lancée en septembre 2013, par trois trentenaires français ingénieurs, l’application Heetch concurrente directe de l’américaine Uberpop est présente à Paris, à Nice, à Lyon, mais aussi à Lille où elle fait un tabac.

Le concept La mise en relation de chauffeurs non professionnels avec des usagers. En théorie, le passager donne ce qu’il veut à la fin du trajet, en guise de « contribution aux frais d’entretien du véhicule ». Aucune licence n’est requise. «
C’est du covoiturage
», affirment les cofondateurs selon lesquels les conducteurs ne devraient pas excéder 6 000 euros de recettes par an.

Heetch s’étend désormais en Pologne, à Londres, Bruxelles, Stockholm, Berlin et Milan. Problème : deux dirigeants de Heetch ont rendez-vous avec la justice. Ils seront jugés, le 22 juin, devant le tribunal correctionnel de Paris pour «
organisation illicite de mise en relation
» avec des chauffeurs non-taxis ni VTC et pour «
complicité d’exercice illégal de la profession de taxi
» et «
pratique commerciale trompeuse
».

2. L’ambiguïté.

Heetch et Uber sont toutes les deux dans le viseur de la justice. Mais les deux sociétés n’ont pas adopté la même stratégie dans l’attente d’une clarification définitive des juges (plusieurs décisions ont déjà été rendues, dans des sens différents).

Si Uber a mis en veille son appli Uberpop
notamment pour éviter des rencontres musclées avec des chauffeurs de taxi , Heetch continue, elle, à fonctionner. Du jeudi au dimanche, sur l’appli, on retrouve ainsi des dizaines de voitures disponibles en même temps à Lille autour des rues Masséna et Solférino. Pensée pour les retours de boîte, l’appli, qui fonctionne de 20 h à 10 h du matin, y fait évidemment un carton. Entre 50 et 100 véhicules disponibles sur Heetch, contre une petite vingtaine sur le service VTC Uber, selon la société américaine.

3. Le carton.

«
Les chauffeurs sont sympas. Souvent, ils proposent de l’eau. Ils ont des bonbons ou des gâteaux dans la boîte à gants
» : un témoignage parmi tant d’autres qui montre l’engouement des jeunes de la métropole lilloise pour entrer dans la communauté des « Heetchers ».

4. La question.

Tout ce qui permet la mobilité des oiseaux de nuit sans qu’ils aient à utiliser leur voiture, ne devrait-il pas être favorisé La réponse paraît évidente. Encore faut-il que les règles soient les mêmes pour tout le monde. Uber rappelle ainsi que ses chauffeurs doivent décrocher une carte pro VTC et une licence DRE de transport de personnes. Sans parler des taxis.

Le débat est loin d’être clos.

«Des fois pas plus d’une minute d’attente»

Depuis combien de temps utilisez-vous cette application de covoiturage urbain

« Régulièrement, depuis la fin de l’année dernière. »

On « heetch » le jour ou on « heetch » la nuit

« C’est pour faire des courses de nuit. Le site est clair. Il y a un plan sur lequel on voit tous les Heetch à proximité. On paie en carte ou en liquide. On s’inscrit depuis son compte Facebook, donc c’est très rapide. »

Quels sont les délais

« C’est super rapide. Il arrive que des chauffeurs soient là à peine au bout d’une minute. »

Vous n’avez jamais eu de problèmes

« Une copine une fois. Le chauffeur lui a demandé son numéro. Elle en a parlé à ses parents. Ils ont appelé Heetch. Ils n’avaient pas encore raccroché qu’il était viré et que son profil avait disparu. »

Les tarifs sont-ils attractifs

« Pour un Lille-Marcq, on paie 6 . Souvent, on fait ça à deux ou trois (NDLR : pour la course, un taxi demande plus de 20 ).

La différence entre Heetch et BlaBlaCar

« Avec un Heetch, vous n’allez pas à Paris ou dans le Midi. Vous circulez uniquement dans la métropole lilloise. »

Et les questions de légalité ou d’illégalité de ce type de covoiturage, ça vous inspire quoi

« On n’en parle pas. Quand on prenait les Uber, les conducteurs prévenaient que s’il y avait un contrôle, il fallait dire qu’on se connaissait. Avec les Heetch, on n’en parle même pas. »