Renaud vend une partie de sa collection de BD

Renaud vend une partie de sa collection de BD

Le Monde
| 27.04.2016 à 09h09
Mis à jour le
30.04.2016 à 15h43
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Par Cédric Pietralunga

Une double planche de l’album mythique d’Hergé, Le Sceptre d’Ottokar a été adjugée pour 1,046 million d’euros (frais compris) : « C’est la deuxième fois seulement qu’une planche de Tintin dépasse le million d’euros », a déclaré à l’AFP Eric Leroy, expert de la vente. En octobre dernier, une double planche du Sceptre d’Ottokar s’était vendue à plus de 1,5 million d’euros chez Sotheby’s à Paris.

La double page de fin de l’album Le Sceptre d’Ottokar, dessinée par Hergé a été publiée pour la première fois en 1939 dans le journal Le Petit Vingtième. On y voit Tintin, accompagné de Milou et des ­Dupond (t), à bord d’un hydravion en train d’amerrir. Chose rare, le petit reporter y fait un clin d »il au lecteur, ce qui n’était pas dans les habitudes d’Hergé, trop respectueux de ses personnages pour les utiliser ainsi. L »uvre était estimée entre 600 000 et 800 000 euros. Une jolie affaire : Renaud a expliqué qu’il avait acheté ces planches 100 000 francs à la fin des années 1980, auprès de la veuve du dessinateur Etienne Le Rallic, décédé en 1968 et qui avait travaillé avec le créateur de Tintin au début de la seconde guerre mondiale. Une somme importante alors mais presque dérisoire aujourd’hui.

Les originaux d’Hergé datant d’avant la guerre sont en effet prisés des collectionneurs. En 2015, une autre double planche du ­Sceptre d’Ottokar a été adjugée à près de 1,6 million d’euros (frais compris) chez Sotheby’s. Et le record mondial est détenu par un dessin utilisé pour les pages de garde des albums de « Tintin » ­édités entre 1937 et 1958. Une pièce unique, achetée 2,6 millions d’euros par un collectionneur américain lors d’une vacation chez Artcurial en 2014.

Lire le compte-rendu :
 

Une couverture de Tintin vendue 2,5 millions d’euros

Très éclectique, la vente reflète les goûts du « chanteur énervant », comme il se surnommait lui-même. Beaucoup de lots, issus d’une collection estimée à 4 000 pièces par l’artiste, datent de l’âge d’or de la BD franco-belge, avec des planches de Jacques Martin (« Alix »), de MiTacq (« La Patrouille des castors »), d’Eddy Paape (« Marc Dacier »), de Tillieux (« Gil Jourdan ») ou de Tibet (« Ric Hochet » et « Chick Bill »). On trouve aussi des choses plus modernes, comme des illustrations de Varenne ou de Walter Minus, dessinateurs aux traits érotiques.

« Il y a des choses très diverses dans cette vente parce que Renaud est un collectionneur qui privilégiait son plaisir personnel : il collectionnait ce qu’il aimait lire, c’est-à-dire aussi bien du Bilal que du Franquin, pas pour spéculer », explique Eric Leroy, l’expert en bande dessinée d’Artcurial, maison qui fut l’une des premières à croire au ­potentiel du 9e art, aujourd’hui imitée par Sotheby’s ou Christie’s.

Lire l’enquête :
 

Le marché de la BD, de la niche ignorée aux ventes mondiales

A noter que 24 originaux de Reiser, prématurément décédé en 1983, à 42 ans, seront aussi ­dispersés lors de cette vacation. Parmi les lots mis en vente par la famille du dessinateur, qui fut l’un des piliers de Charlie Hebdo dans les années 1970, on trouve quelques pièces iconiques, comme la couverture de l’album Vive les femmes, publié en 1978. Un plaisir beaucoup plus abordable que pour Hergé : le dessin réalisé par Reiser à l’encre et à l’aquarelle est estimé entre 3 000 et 5 000 euros.

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