Un avion avec 33 lions maltraités dans des cirques d’Amérique du sud décolle pour l’Afrique

Un avion avec 33 lions maltraités dans des cirques d'Amérique du sud décolle pour l'Afrique

Ricardo, un des lions sauvés au Pérou. (AP Photo/Rodrigo Abd)

Selon l’ONG qui a monté l’opération, il s’agit du plus important transport aérien jamais organisé pour de tels animaux. Trente-trois lions, qui ont vécu toute leur vie dans des conditions misérables dans des cirques du Pérou et de Colombie, ont été sauvés par Animal Defenders International (ADI), qui se prépare à les emmener dans un sanctuaire en Afrique du Sud. A bord d’un avion.

L’organisation d’un tel périple, qui a commencé le 29 août, a pris des mois. Dans un premier temps, 9 lions ont été transportés de Bogota, en Colombie, jusqu’à Lima, au Pérou, où ils ont rejoint l’autre groupe de 24 félins.

La suite du voyage se fera à bord d’un McDonnell Douglas MD-11 customisé,  pour un temps de vol estimé à 15 heures avec une escale au Brésil. Atterrissage à Johannesbourg, puis une dernière étape en camion, jusqu’à la ville de Vaalwater, où se trouve l’Emoya Big Cat Sanctuary, qui accueillera les animaux.

Dans les airs, les lions seront placés dans des palettes stratégiquement disposées pour qu’ils aient toujours un autre lion dans leur champ de vision. Les travailleurs de l’ONG, dont certains seront à bord pour alimenter les animaux, ont fait en sorte que chacun des 33 lions soit proche d’un membre de sa famille, ou d’un autre lion avec qui il ne s’entend pas trop mal, pour éviter une crise sauvage à 8 000 mètres d’altitude. Le résultat est un plan de vol à l’organisation très précise.

ADI permet de suivre l’opération presque en temps réel sur les réseaux sociaux (Facebook ou Twitter) :

The last lion is loaded! https://t.co/saoaOdVjMh #33lions #lionsbacktoAfrica #SpiritOfFreedomFlight pic.twitter.com/oGd2uLIqC5

‘ ADI (@AnimalDefenders) April 29, 2016

Ce n’est pas la première fois que l’ONG organise un transport aérien massif d’animaux. Elle avait déjà fait voler 25 lions vers les Etats-Unis en 2011. Mais cette opération, fruit de plus de deux ans de travail sur le terrain au Pérou et en Colombie, a progressivement pris une ampleur plus importante.

Tim Philipps, un des responsables d’ADI, a expliqué au National Geographic que l’opération était prévue pour durer « quatre mois ». Elle aura duré en fin de compte à plus d’un an et demi, et abouti à ce transport aérien inédit, entièrement financé par les donations. Plus d’une centaines d’animaux ont été sauvés dans les cirques de Colombie et du Pérou, dont un tigre, trois ours, des singes, des aras ou des kinkajous. Les lions sont les derniers du groupe à être exfiltrés.

C’est ça un kinkajou !

Depuis plusieurs années, ADI menait une campagne intitulée « Stop aux souffrances dans le cirque », pour sensibiliser aux abus que subissent les animaux sauvages, notamment en Amérique du Sud. Cela a contribué à faire que le Pérou, la Colombie et la Bolivie adoptent des lois interdisant aux cirques d’utiliser des animaux sauvages. L’étape suivante a été d’aller chercher les animaux dans les cirques, où ils ne pouvaient plus légalement être exploités.

En Colombie, les 9 lions ont été récupérés auprès d’un cirque du nord du pays, qui a accepté de s’en séparer. Au Pérou, les opérations ont été bien plus compliqués : les animaux étaient parfois gardés dans des régions reculées, par des cirques qui refusaient de les libérer. Des raids, en coopération avec la police, ont parfois été nécessaires pour mettre la main sur les animaux. Ils ont été retrouvés dans des conditions déplorables, tous mutilés pour leur enlever leurs griffes, selon ADI.

« L’un d’entre eux a perdu un il, un autre est presque aveugle, et beaucoup ont des dents cassés ou détruites ».

Ojiclaro et Iron, deux des neuf lions sauvés en Colombie, avant leur libération. Ils ont été les premiers à être récupérés par l’ONG, et ont donc été les premiers à monter dans l’avion. (ADI)

Ces blessures, ajoutées au fait d’avoir vécu toute leur vie dans une cage, empêcheront les 33 lions d’être relâchés dans la nature en Afrique. « Ils sont nés en captivité. La plupart des études montrent qu’il n’est pas possible de réintroduire de tels prédateurs dans la nature après cela », explique une porte-parole de l’ONG.

Au Emoya Big Cat Sanctuary, ils seront encadrés et laissés en paix. Ils pourront vivre la fin de leurs jours au calme, comme le résume le président d’ADI, Jan Creamer :

« Ces lions ont vécu l’enfer sur terre et maintenant ils vont vers le paradis (…). C’est la fin parfaite pour notre opération qui a mis fin à la cruauté dans le cirque dans un nouveau pays. »

Luc Vinogradoff

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