Manifestations contre la loi travail, en attente d’un second souffle

Manifestations contre la loi travail, en attente d'un second souffle

Vincent Delbar, secrétaire de l’Union Départementale Nord de la CGT est rayonnant. «
Dix mille manifestants (4 500 selon la police).
» La mobilisation contre la loi travail a joué un peu moins, jeudi à Lille, semble-t-il que le 31 mars, mais parfois nerveusement (lire ci-contre). Les raisons sont multiples. Pas que liées à une météo plus clémente que prévu.

Vincent Delbar y perçoit le souffle de l’élargissement. «
Ce sont désormais tous les aspects de la vie courante qui sont mis sur la table
». Jean-Louis Van de Wiele, 68 ans, qui ouvre le cortège pour Solidaires, ne dit rien d’autre. Avec sa petite retraite «
tout cumulé
», c’est le pouvoir d’achat qui guide ses pas. «
Ce qui manque, c’est le débat d’idées
», poursuit Vincent Delbar. Lui souhaite que l’explication soit totale, qu’elle essaime «
des syndiqués vers tous les autres salariés
».

De plus en plus de jeunes

La pression est là. Comment faire mieux que ces milliers de manifestants qui ne désarment pas

Deux dates apparaissent comme de véritables marqueurs. Celle du 1er Mai. «
On verra si les défilés traditionnels prendront une forme plus massive et revendicative.
» Le 9 mai ensuite, avec l’annonce d’une nouvelle manifestation «
face à un gouvernement qui avance à marche forcée
».

Dans les rangs des manifestants, le nombre croissant de jeunes ne cesse d’étonner. Y compris les syndicalistes chevronnés. «
Ils commencent à s’organiser
», annonce Vincent Delbar.

Beaucoup de peinture et un peu de gaz

«
Je suis très fière de Lille, surtout comparé à ce qui s’est passé dans les autres villes de province.
»

Il est 18h, hier, sur la grand-place de Lille. L’ambiance vient de se détendre, et chacun souffle. Depuis une demi-heure, deux cents manifestants entourent les CRS devant le Théâtre du Nord. Les policiers, qui ont gazé dix minutes plus tôt la rue Neuve voisine, sont face à une foule hostile. Des pétards atterrissent entre les boucliers. Des sommations ont été entendues. On s’attend à la charge finale. Et puis, soudain, un intermittent sort du Théâtre du Nord, avec un haut-parleur. Il propose aux manifestants une AG pacifique sur place, en échange de quoi, les policiers se retirent.

La foule répond oui. Il n’y aura pas de charge, ce soir.

La manifestation lilloise avait pourtant commencé en tensions, avec l’occupation de la Cité administrative par des militants dénonçant la «
passivité de l’État à l’égard des entreprises du MEDEF qui pratiquent l’évasion fiscale
». Puis, d’autres avaient arrosé de peinture les façades de banques (avec une vitrine brisée, et un DAB dégradé), de l’Apple Store et des Mc Do. Mais à l’arrivée, place de la République, les militants avaient longé les policiers, sans incident, et continué rue de Béthune, pour être arrêtés rue Neuve.

Au final, on dénombre ni blessé ni interpellé. Un résultat qui satisfait tout le monde.
A. D.

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