NBA , Zaza l’anonyme que la Géorgie veut envoyer au All-Star Game
Zaza Pachulia, pivot des Golden State Warriors, est poussé par son pays natal et devance la plupart des stars NBA au vote populaire pour le match des étoiles.
A moins d’être un suiveur acharné de la NBA, vous n’avez aucune chance de connaître Zaza Pachulia. Pourtant, les internautes du monde entier, et d’un pays en particulier, voudraient le voir débuter le All-Star Game, match de gala organisé à la mi-saison avec, en théorie, les meilleurs joueurs de la ligue.
Zaza, comme tout le monde l’appelle parce qu’il a le prénom le plus rigolo de la NBA (il s’appelait Zaur à la naissance), est le dernier bénéficiaire en date du phénomène consistant à « troller », ou pourrir, les consultations en ligne, que cela concerne la politique ou le sport.
A trois jours de la clôture des votes en ligne pour le All-Star Game, Zaza Pachulia, pivot géorgien des Golden State Warriors, était deuxième intérieur de la Conférence Ouest avec 823 376 voix, devant des joueurs (Kawhi Leonard, Anthony Davis ou DeMarcus Cousins) que les experts désignent comme incontournables pour le All-Star Game du 19 février à la Nouvelle-Orléans.
En théorie, l’affaire devrait être pliée : Pachulia aura sa place dans le cinq de départ avec ses coéquipiers Kevin Durant et Stephen Curry, le choix des pivots remplaçants étant à la discrétion des entraîneurs. Mais la campagne a marché un an trop tard : depuis cette saison, la NBA a pondéré le vote des supporteurs afin d’éviter que les réseaux sociaux ne biaisent la consultation. Il ne représente plus que 50 % du vote, les deux autres quarts étant attribués par les joueurs et les journalistes. Les chances de Pachulia d’être présent à La Nouvelle-Orléans sont donc relativement faibles, à moins que ses confrères et les médias se prennent au jeu eux aussi.
Deux résultats avaient mis en garde la NBA la saison passée :
Zaza Pachulia avait échoué de très peu à entrer parmi les trois meilleurs intérieurs au vote du public ;le All-Star Game de la NHL (hockey sur glace) avait été vampirisé par la présence de John Scott, joueur de seconde zone porté par une campagne en ligne (le délire atteignit un niveau tel qu’il fut élu meilleur joueur du All-Star Game, une histoire qui a satisfait tous les amateurs de hockey sauf… la NHL).
Il faut dire qu’il n’y a rien de plus facile à manipuler que le vote pour le All-Star Game, puisqu’il y a cinq manières différentes de voter et que chacune peut être utilisée une fois par jour.
« Nothing easy ! »
Voilà comment la Géorgie, malgré ses 4,5 millions d’habitants deux fois moins que l’Etat américain éponyme , a pu hisser le meilleur basketteur de son histoire en deuxième position des votes. La Chine, lorsqu’elle hissait systématiquement son représentant Yao Ming en tête des suffrages, avait bien moins de mérite.
L’an passé, le président Guiorgui Margvelachvili lui-même avait appelé à voter sur Twitter même si ses quelques milliers d’abonnés ne garantissaient pas un raz de marée , et en 2017, c’est la TBC Bank, première banque géorgienne, qui appelle régulièrement ses clients à enregistrer leur vote. « Tout le pays s’est impliqué », se réjouit Pachulia, très touché par le soutien dont il bénéficie au pays.
Le cas Zaza divise aux Etats-Unis, entre ceux pour qui sa présence ajouterait un peu de dérision à un All-Star Game dont la portée sportive a complètement disparu, et ceux qui estiment qu’une sélection pour ce match reste une chose sérieuse.
Après 14 saisons en NBA et à bientôt 33 ans, le colossal Pachulia, 2,11 mètres, a toujours l’image d’un joueur bas du front et peu doué. Le Géorgien aux épais sourcils, qui a passé l’essentiel de sa carrière dans la franchise d’Atlanta et n’a trouvé une place de titulaire que l’an dernier, à Dallas, est davantage connu pour son goût pour la bagarre et pour avoir donné une interview d’après-match pour le moins décalée, en 2008.
Ce « nothing easy » crié avec son accent du Caucase continue de l’accompagner partout où il va, y compris dans ce court dessin animé réalisé en début de saison sur la « super équipe » des Golden State Warriors.
Un salaire à la baisse pour jouer le titre
Car Pachulia est désormais le pivot titulaire de la meilleure équipe de la Conférence Ouest, une recrue que l’entraîneur Steve Kerr décrit comme aussi importante que la superstar Kevin Durant. En juillet, après avoir réalisé la meilleure de ses 13 saisons en NBA, Pachulia, au lieu de profiter de l’explosion des salaires, a accepté l’offre « minime » des Golden State (2,9 millions de dollars pour une saison) afin d’espérer remporter un titre NBA.
Et, depuis quelques semaines, il enchaîne les bonnes performances grâce à sa justesse au tir et au lancer franc, la qualité de ses passes et son intelligence de jeu.
Malgré tout, comme il le fait remarquer, Pachulia pourrait être le seul membre du cinq de départ des Golden State Warriors à être absent du All-Star Game, Curry et Durant étant bien partis pour être élus et Klay Thompson et Draymond Green ayant des chances d’être choisis par les entraîneurs.
Cette semaine de coupure lui laissera le temps de se consacrer à ses deux établissements à Atlanta un bistro de style français et un restaurant lounge , lui qui possède également deux hôtels et une salle de sport à Tbilissi.
Pachulia revient chaque été dans la capitale géorgienne, mettant un point d’honneur à disputer toutes les compétitions internationales, lui qui a pourtant quitté le pays dès l’âge de 14 ans. Le grand club turc d’Ülker avait repéré, dans les compétitions de jeunes, ce gamin mesurant déjà plus de deux mètres, fils d’une ancienne internationale soviétique de basket.
Pour l’école de basket ouverte en 2015 dans sa ville natale, à l’endroit où il s’entraînait, sans chauffage, pendant les rudes hivers de Tbilissi, Zaza Pachulia a fait venir le parquet de la salle des Milwaukee Bucks. En 267 pièces, arrivées par bateau après un long voyage. Le basket géorgien pouvait bien le remercier avec un million de votes.