Une loi pour interdire le voile intégral en Lettonie où trois femmes portent le niqab
Selon les estimations du gouvernement letton, le pays d’un peu plus de deux millions d’habitants compte à peu près 1 000 musulmans pratiquants. Et « seule une petite poignée de femmes, généralement estimée à trois, porte le niqab », nous apprend le New York Times.
La réalité des chiffres n’a pas découragé le ministre de la justice, Dzintars Rasnacs, de proposer une loi interdisant le port du voile intégral dans les lieux publics, qui serait passible d’une amende. M. Rasnacs, membre du parti de droite dure Alliance nationale, justifie ces « mesures préventives », par l’immigration massive que connaît l’Europe depuis plus d’un an et la volonté que les nouveaux arrivants dans le pays respectent « les valeurs historico-culturelles lettones, et européennes ».
Suite à l’accord signé en 2015 pour la répartition de 120 000 migrants et réfugiés par l’ensemble des pays européens, la Lettonie s’est engagée à accueillir 776 personnes sur les deux prochaines années. Selon le New York Times, sur ces 776, « seulement six sont arrivés ». On ne sait pas s’ils portaient tous/toutes le niqab.
La loi lettone, qui devrait être facilement approuvée au Parlement, doit entrer en vigueur en 2017. Elle est directement inspirée par celles adoptées en France et en Belgique depuis 2010, et jugées « légitimes » par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). La Lettonie deviendrait le troisième pays européen à appliquer une telle législation. Un projet de loi qui interdirait le port du voile intégral dans certains lieux publics est toujours à l’étude aux Pays-Bas. En Espagne, en Allemagne, en Italie ou en Suisse, des lois similaires existent déjà au niveau local dans certaines villes ou régions.
Le New York Times a demandé son avis à une des « trois femmes » qui portent le voile intégral en Lettonie. Liga Legzdina est une étudiante en médecine de 27 ans.
« Ce n’est pas une immigrée, mais une Lettone qui s’est convertie à l’islam après un voyage en Egypte quand elle était adolescente (…) Aujourd’hui, elle s’appelle Fatima, et elle va à la ville de Zaube chaque année pour les vacances d’été avec ses deux enfants. Son mari, Viesturs Kanders, s’est converti avec elle le jour de son mariage ».
« Quand elle n’est pas en vacances à Zaube, elle vit dans la banlieue de Riga, où son trajet quotidien est marqué, selon elle, par les nombreuses insultes dont elle fait l’objet. Elle raconte que les échanges dans les bus ou les trams se résument souvent à Retourne chez toi’ et deviennent des moments gênants lorsqu’elle répond dans un letton parfait ».
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