Mobilisation contre la loi travail , bataille sur les chiffres et affrontements dans les rues de Paris

Mobilisation contre la loi travail , bataille sur les chiffres et affrontements dans les rues de Paris

Selon les autorités, 125 000 personnes ont participé à la journée nationale, répondant à l’appel de sept syndicats CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL et FIDL. La CGT avance, elle, le chiffre de 1,3 million de manifestants.

Les divergences ne s’arrêtent pas là. Police et syndicats s’opposent également sur la « dynamique » du mouvement. Selon la police, la mobilisation a été, au niveau national, moins importante que lors du pic du 31 mars, où elle avait évoqué 400 000 manifestants au plan national.

De son côté la CGT, avec son 1,3 million de manifestants situe la mobilisation juste au-dessus de celle de fin mars, quand elle avait compté 1,2 million dans les rues en France. Il est vrai que la centrale avait promis une mobilisation « énorme », afin de démontrer que la contestation du projet de loi travail ne faiblit pas.

Seul point d’accord entre police et syndicats : à Paris, ils s’accordent à dire que la participation a été la plus forte depuis le début de la mobilisation il y a trois mois. La préfecture a décompté entre 75 000 et 80 000 manifestants, contre 27 000 le 31 mars. FO, qui en dénombrait alors 160 000, en revendique mardi, avec Solidaires, un million.

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Forte mobilisation et affrontements violents à Paris où la manifestation contre la loi travail se termine

Dans la capitale, la journée a été marquée par des heurts violents avec la police, peu après que le cortège s’est élancé de la place d’Italie.

« Il y avait des hordes de manifestants violents », a estimé Bernard Cazeneuve, invité sur le plateau de France 2 mardi soir. Le ministre de l’intérieur a annoncé qu’il « [n’accepterait] plus qu’il y ait des sauvageons qui puissent tenir des propos » tels que « un policier une balle » ou « policiers la France vous hait » , entendus selon lui à la manifestation mardi.

Face aux craintes d’affrontements avec la police, « environ 130 personnes » avaient été interdites de participer, mardi à Paris, à la manifestation nationale. Selon le préfet de police de Paris, Michel Cadot, il s’agissait de personnes déjà interpellées lors de précédents défilés contre le projet de loi de réforme du code du travail.

La loi travail est par ailleurs examinée depuis lundi au Sénat, dont la majorité de droite entend accentuer le caractère libéral du texte.

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Violents affrontements à Paris

Dans les rues de la capitale, les affrontements avec les forces de l’ordre ont été intenses dans l’après-midi, selon les journalistes du Monde présents dans le cortège. Des devantures de magasins ont été saccagées.

La préfecture de police de Paris, qui a appelé sur Twitter les manifestants à « se désolidariser des casseurs », fait état de cinquante-huit personnes interpellées, notamment après des jets de projectiles venant de « plusieurs centaines de personnes encagoulées ».

L’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) a annoncé vouloir « porter plainte » après l’« attaque inadmissible » de l’hôpital Necker-Enfants malades, vandalisé en marge de la manifestation.

La ministre de la santé, Marisol Touraine, a également dénoncé sur le réseau social une « attaque insupportable de casseurs » contre l’hôpital pédiatrique. « Honteux », a-t-elle déclaré, apportant son « soutien aux professionnels de santé mobilisés auprès des patients ».

Dans le secteur de Port-Royal, des « individus sont entrés sur un chantier pour prendre des palettes avant de les jeter sur les forces de l’ordre », qui ont dû intervenir, a indiqué la préfecture.

« Le canon à eau a été utilisé » près de la station Duroc, a-t-elle encore précisé, afin de « permettre aux forces de l’ordre qui étaient prises à partie depuis plusieurs minutes de se dégager ».

Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes et chargé les manifestants qui leur lançaient des projectiles au cri de « Paris, debout, soulève-toi ! » ou encore « Tout le monde déteste la police ». Des cars de CRS ont par ailleurs été pris pour cible par les manifestants.

Aux Invalides, où est arrivée, sous haute escorte policière, la tête du cortège, la tension monte à nouveau : des manifestants arrachent le goudron pour se faire des projectiles, tandis que les policiers font usage d’un canon à eau.

La préfecture a également dénombré au moins quarante blessés, dont vingt-neuf policiers et onze manifestants. Selon les journalistes du Monde présents dans le cortège, deux hommes ont été blessés au carrefour des boulevards Raspail et Montparnasse. L’un d’eux a été touché par un projectile dans le dos, qui s’est enflammé, selon l’un des journalistes qui a assisté à la scène. Un manifestant, Laurent R., raconte avoir vu un « tir horizontal à hauteur d’homme ». Le projectile « s’est fiché dans sa nuque pendant quelques secondes avant de se détacher. Le type est tombé par terre comme s’il avait pris un coup de matraque », raconte-t-il.

Des opposants venus de partout en France

Selon les organisations syndicales, entre 600 et 700 bus ont transporté des manifestants dans la capitale pour le défilé. Dans le cortège parisien, nos journalistes sont allés à la rencontre de plusieurs manifestants venus de partout en France.

Ainsi, Gweltaz et Laurent, infirmiers anesthésistes, sont venus de Brest pour dénoncer le « recul humain et social » que représente selon eux la loi travail :

« On est venus pour porter le mouvement plus haut. On veut le retrait de cette loi, qui est inique. On veut qu’elle ne passe pas. Ça aura un impact sur la qualité des soins pour nos patients. On attend des modifications sur les astreintes et les temps de repos obligatoires. »

Sébastien, 37 ans, est, lui, ouvrier dans la métallurgie en Auvergne : « Je trouve ça inacceptable que les forces de l’ordre disloquent la manif. Ça va renforcer les gens à manifester, au contraire, ça ne va pas les décourager ! Et puis il y a plusieurs formes de mouvement, les blocages en région aussi’ Mais c’est décevant que ça se soit passé comme ça. On a le droit de manifester. On est en démocratie et pour moi ce mot s’éloigne. »

« Il fallait être à Paris pour que la manifestation pèse, mais à Toulon nous avons tenu également à mobiliser. D’après mon bureau syndical, avec qui je garde contact, ils étaient deux mille à manifester », raconte Philippe, ouvrier d’Etat au ministère de la défense.

Lauren, enseignante en histoire et français dans un lycée professionnel, est venue à toutes les manifestations parisiennes, sauf une : « J’ai posé des jours de grève, donc j’ai perdu des journées de salaire. Mais c’est moins problématique pour moi de faire grève que pour d’autres. Je pense que le nombre de manifestants n’est pas représentatif du nombre de gens concernés. Le droit de grève n’est pas facile à prendre pour ceux qui sont en CDD par exemple. »

D’autres, comme Bruno, agent patrimonial à l’Office nationale des forêts, appellent à la grève générale, pour « faire pression » sur le gouvernement : « En fait les gouvernements socialistes sont toujours à droite, donc pour cette fois c’est foutu, mais j’espère qu’on pourra créer un mouvement qui se répercutera sur les prochaines élections. »

« Violences ou pas, n’importe comment on a toujours tort, nous, la CGT. Ce soir, il n’y aura que les casseurs à la télé, ça passera sous silence les millions de gens qui sont là », regrette de son côté André, électricien à la retraite de 73 ans.

Mobilisation dans d’autres grandes villes

Selon le ministère de l’intérieur, 50 000 personnes ont défilé ailleurs en France, et quinze personnes ont été interpellées.

« Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, cette société-là on n’en veut pas », scandaient les manifestants à Lyon, où la préfecture a dénombré 3 800 participants, la CGT 10 000. Ils étaient 1 900 à Rennes selon la préfecture, 5 000 selon les syndicats.

Un défilé a eu lieu mardi dans la matinée à Marseille : la CGT a avancé le chiffre de 140 000 participants, quand la préfecture en a comptabilisé 5 000.

A Toulouse, la préfecture a estimé à 6 000 le nombre de manifestants qui ont défilé dans la matinée. Côté syndicats, on évoquait environ 30 000 personnes, selon La Dépêche du Midi.

A Limoges, une opération escargot des agents de la Direction des routes du Centre-Ouest, menée dans le cadre de la journée de mobilisation contre la loi travail, a provoqué 40 kilomètres de bouchon ce matin, rapporte France 3 Limousin.

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