La menace terroriste a raison de certaines fêtes d’école dans la région
Les exemples commencent à se multiplier. À Tourcoing, Philippe Jourdan, directeur de l’école Lamartine, explique avoir renoncé avant les vacances, «
au regard de la situation
», à la fête qui devait se tenir à la fin de la troisième semaine de juin dans une salle de la ville. «
Notre inspecteur nous a rappelé les consignes de Vigipirate (lire ci-dessous). On doit contrôler l’accès. Qui je mets à l’entrée Des vigiles Je n’ai pas les moyens. La police municipale Elle ne pourra pas être partout. Les enseignants doivent gérer les élèves et les parents veulent voir leurs enfants danser. De plus, je ne m’estime pas habilité à faire ouvrir les sacs. C’est très compliqué à mettre en uvre.
»
D’après lui, après un rendez-vous avec l’inspecteur chargé du secteur, plusieurs de ses collègues devraient adopter la même attitude, tandis que d’autres maintiendront leur rendez-vous. «
Oui, j’applique un principe de précaution, avec regret parce que ça montre que les terroristes ont un peu gagné. On peut dire que ça n’arrivera pas. Mais quand ça arrive’
»
« Une grande déception pour tous »
La même décision a déjà été prise à Bavay, près de Maubeuge, pour les écoles publiques. «
C’est forcément une grande déception pour tous
», explique Céline Vion, présidente de l’association des parents d’élèves des écoles laïques de la commune, qui explique que l’argent récolté pendant les kermesses «
sert en partie à financer l’achat de matériel pédagogique, des sorties, des livres pour la bibliothèque
».
À Maubeuge, plusieurs écoles ont également opté pour l’annulation, tout comme à Billy-Berclau, au nord de Lens, où l’annulation de la fête de l’école maternelle est une décision de l’équipe pédagogique et des parents d’élèves élus. Selon Mireille Leroy, la directrice : «
Les raisons de l’annulation sont multiples : je ne serai pas présente à la fin de l’année et, avec les attentats de Bruxelles, on a trouvé que cela faisait beaucoup.
» Les 177 écoliers auront malgré tout droit à une fête «
entre eux, sur le temps scolaire
».
Pas de monopole des grosses communes
Pas de monopole des grosses communes. À Ambleteuse, village du Boulonnais de 1 954 habitants, la directrice de l’école a fait part de son embarras aux élus. Ils ont finalement opté avec le conseil d’école pour l’annulation. La remise des dictionnaires aura tout de même lieu avec les élus. Dès lundi, la sécurité sera renforcée aux abords de l’école.
Les parents devront rester au pied des grilles. «
Ça devient extrême dans un village comme le nôtre. On ne va pas s’arrêter de vivre !
», regrettait une mère d’élève. Et à Saint-Inglevert-Hervelinghen (103 enfants), entre Boulogne et Calais, pas de fête (traditionnellement dans la salle des fêtes et les pâtures alentour), mais des restitutions de projets pédagogiques présentées aux parents’ dans l’école.
Un député-maire : stop aux « bricolages »
Le député-maire de Roncq Vincent Ledoux (LR) a lui aussi identifié le problème des fêtes d’école. «
Ou l’État les autorise ou il les interdit, c’est aussi simple que ça ! Cela évitera les bricolages
auxquels nous assistons aujourd’hui et les désagréables renvois en responsabilité, la cible finale étant le maire
», clame-t-il ce week-end sur sa page Facebook, accompagnant son propos du courrier qu’il a envoyé au recteur d’académie.
Haro sur les «
consignes administratives peu claires
» ! «
Ces moments de convivialité doivent se tenir
», avait déjà déclaré la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem l’an passé, évoquant cependant des «
consignes de sécurité mieux assurées
». Même tonalité cette année au ministère où l’on indique que ces décisions sont à l’appréciation du chef d’établissement. Et de rappeler qu’en Île-de-France (en « alerte attentat »), des fêtes scolaires sont tout de même maintenues’ à condition de respecter les consignes donc. En sport, on appelle ça du ping-pong. S. LE.
Le rectorat n’a pas donné de consignes
D’après le rectorat de Lille, «
aucune consigne collective n’a été donnée aux directeurs d’école pour qu’ils annulent
» la tenue d’événements festifs au sein de leur établissement. Néanmoins, les consignes du plan Vigipirate sont systématiquement rappelées par les inspecteurs de l’Éducation nationale aux directeurs d’école au moment où ceux-ci initient une demande pour organiser ces fêtes. «
L’inspecteur d’académie et les services de la préfecture accompagneront les écoles dans la mise en place de mesures de sécurité adaptées au territoire
», précise le ministère sur son site.
Quelles sont les consignes, donc Elles ont été précisées dans une circulaire d’avril 2015 : l’accueil à l’entrée des écoles et établissements scolaires doit être assuré par un adulte. Un contrôle visuel des sacs peut être effectué. L’identité des personnes étrangères à l’établissement est systématiquement vérifiée. Ce sont ces deux derniers points qui semblent poser le plus de problèmes aux responsables d’établissement qui ont choisi d’annuler.
Les consignes Vigipirate sont les mêmes que l’an dernier à pareille époque. Du reste l’état d’urgence, toujours en cours, ne sera peut-être pas prolongé au-delà du mois de mai. Et au demeurant, la problématique n’est sans doute pas la même dans un petit village et dans une grande ville. Mais il est clair que plusieurs responsables d’établissement, face à un contexte terroriste qui s’est durci, ont préféré prendre les devants en appliquant un strict principe de précaution. Le prix, sans doute, de la tranquillité d’esprit. S. LE.