Inondations , des millions d’euros de dégâts Valls annonce un fonds d’extrême urgence
La situation semble désormais être à l’amélioration sur le front des intempéries. Dimanche 5 juin, la crue de la Seine est restée limitée en Normandie, où les autorités ont levé la vigilance rouge instaurée samedi soir. A Paris, le niveau du fleuve a continué de baisser.
A l’issue d’une réunion au ministère de l’intérieur avec les ministres concernés, le premier ministre, Manuel Valls, a annoncé que l’Etat va mettre en place un fonds « d’extrême urgence » de « plusieurs millions d’euros » destiné aux sinistrés des inondations « sans ressources ayant tout perdu », en attendant les indemnisations des assureurs. Ce fonds sera géré par les préfets de département, en lien avec les centres communaux d’action sociale, a précisé M. Valls.
Lundi, le premier ministre faisait un point complet de la situation avec les ministres de l’environnement (Ségolène Royal), de l’intérieur (Bernard Cazeneuve), des finances (Michel Sapin), des collectivités territoriales (Jean-Michel Baylet) et de l’économie (Emmanuel Macron), ainsi que le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, avant de se rendre à Montargis, sous-préfecture du Loiret, sévèrement touchée par les inondations.
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Des coûts et des sinistres importants
S’il est prématuré de chiffrer le coût des inondations, les premières évaluations et la liste des dépenses à venir laissent entrevoir un coût supérieur au milliard d’euros. Selon le ministre des finances, Michel Sapin, ces crues auront « des conséquences lourdes » pour les zones touchées, « mais pas pour l’économie française ».
Les sinistrés pourront être indemnisés par les assureurs une fois reconnu l’état de catastrophe naturelle, ce qui devrait être fait mercredi en conseil des ministres. Pour « simplifier et accélérer l’indemnisation » des sinistrés, Juliette Méadel réunit lundi matin les assureurs au secrétariat d’Etat à l’aide aux victimes. La secrétaire d’Etat chargée de l’aide aux victimes va demander aux assureurs qu’ils « travaillent à une indemnisation forfaitaire », c’est-à-dire « une indemnisation sans expertise, pour des dommages inférieurs à un certain montant », ce qui « permet une indemnisation plus rapide », a dit Mme Méadel lundi sur RTL.
Le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll doit réunir lundi représentants du monde agricole et élus de Seine-et-Marne.
Mardi, ce sera au tour d’Emmanuel Macron de réunir à Bercy la cellule de continuité économique pour étudier les conséquences, pour les entreprises, des intempéries, mais aussi des récents mouvements sociaux en France.
Une première estimation de l’Association française des assurances (AFA) indique « 600 millions d’euros », mais de son côté, la MAIF avance un coût proche de 2 milliards d’euros. Selon l’Argus de l’assurance, plus de 43 000 sinistres avaient été déclarés dès vendredi.
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En Seine-et-Marne, un millier d’entreprises ont été touchées, selon le conseil départemental, « dont 300 à 500 avec un risque sur la pérennité de l’entreprise ». Le département a déjà débloqué « une enveloppe d’urgence de 600 000 euros pour l’hébergement des sinistrés et l’aide de premier niveau », et évalue à 300 000 euros le coût du nettoyage massif des 220 communes touchées. La ville de Longjumeau (Essonne), elle, évalue ses dégâts à 2,8 millions d’euros : voirie, véhicules municipaux emportés par les eaux, mobilier urbain’
Côté agriculture, des « dizaines de milliers d’hectares » dans le Centre Val-de-Loire et le bassin parisien, ont été touchés, selon Xavier Beulin, président de la FNSEA. « Pour les terres encore submergées aujourd’hui et où il n’y aura pas de récolte derrière, c’est une perte de 1 000 à 1 500 euros à l’hectare suivant la culture, entre un maïs ou des céréales », a-t-il précisé. Pour les maraîchers, les pluies excessives ont dévasté les plants prêts à être vendus en cette saison, comme les fraises de plein champ et les salades.
Alerte rouge levée sur le secteur aval de la Seine
L’alerte rouge, passée samedi soir « à titre de précaution », a été levée dimanche matin pour les départements de Seine-Maritime et de l’Eure, en Normandie. Dimanche en milieu d’après-midi, la Seine avait toutefois envahi une grande partie des quais de Rouen, un peu avant une période de forts coefficients de marée. Mais la situation devait se stabiliser dans la nuit, selon la préfecture.
Au total, 14 départements restaient placés en vigilance orange en Normandie, en Ile-de-France, en Lorraine et dans la région Centre, dimanche après-midi.
La décrue se poursuit à Paris
A Paris et en Ile-de-France, le pire semble passé, alors que la montée continue des eaux brunâtres, jusqu’à 6,10 m, avait suscité l’inquiétude. La Seine a confirmé sa décrue, revenant à un niveau de 5,77 m à 8 heures, dimanche, dans la capitale.
Depuis son pic atteint dans la nuit de vendredi à samedi, la Seine est régulièrement redescendue, d’un à deux centimètres par heure environ. Il s’agit de la plus forte crue depuis 1982 (6,18 m), très loin cependant de la fameuse crue de 1910 (8,62 m).
Quatre morts et vingt-quatre blessés
Depuis le début des intempéries le week-end dernier, quatre morts et 24 blessés sont à déplorer. L’origine de la mort d’une des quatre victimes recensées, une octogénaire, reste toutefois incertaine. Au total, 20 000 personnes ont été évacuées, selon Manuel Valls.
Quelque 7 800 foyers étaient toujours privés d’électricité dimanche en fin d’après-midi, essentiellement en Ile-de-France, selon le gestionnaire du réseau français de distribution d’électricité Enedis (ex-ERDF). « Les 2/3 des clients privés d’électricité à la suite des inondations », soit 16 000 sur les 25 000 touchés au plus fort de la crise, « ont été rétablis », a indiqué Enedis, tout en soulignant que « le retour à la normale en Ile-de-France dépend maintenant du retrait de l’eau ».
Du côté des transports franciliens, les perturbations demeurent d’actualité. La RATP, qui avait déclenché vendredi son plan de prévention, a gardé fermées, à titre préventif, deux stations de métro et une gare RER proches du fleuve (Cluny-la-Sorbonne, ligne 10, et Saint-Michel, ligne 4 et RER B).
Pour la SNCF, dont trois lignes sont partiellement coupées en Ile-de-France, le retour à « un trafic normal n’est pas attendu avant la deuxième partie de la semaine prochaine », selon son président, Guillaume Pepy. En déplacement dans un quartier inondé de Crosne (Essonne), Manuel Valls a par ailleurs appelé à l’arrêt « le plus vite possible » du mouvement de grève à la SNCF, pour lui « totalement incompréhensible » dans le contexte des intempéries.
Une opération d’envergure a permis d’évacuer dimanche les 200 voitures bloquées depuis mardi entre deux nappes d’eau sur une portion de l’A10 au nord d’Orléans, et d’entamer l’évacuation de la centaine de poids-lourds, selon Vinci Autoroute. Pour libérer ces véhicules, il a fallu créer un corridor de 800 m de long sur l’une des nappes d’eau, en installant une digue constituée de 3 000 sacs de 2 tonnes de gravats chacun.
Les musées rouvrent petit à petit
Le Louvre, musée le plus fréquenté au monde, avec 9 millions de visiteurs par an, doit rester fermé jusqu’à mardi inclus, de même que le musée d’Orsay. Le Grand Palais, qui avait fermé ses portes vendredi, a rouvert dimanche. Les deux sites parisiens de la Bibliothèque nationale de France François-Mitterrand et Arsenal , fermés au public comme aux chercheurs depuis vendredi, rouvriront lundi, de même que le château de Chambord, fermé depuis 5 jours.