Première Nuit Debout de Lille , Si on tient la pluie on tiendra la nuit

Première Nuit Debout de Lille ,  Si on tient la pluie on tiendra la nuit

17 h, place de la République. Cours accéléré de langue des signes militante. M. Loyal parle, son assistant mime, des centaines de personnes, dont énormément de jeunes, écoutent. «
Pour demander le calme
», on forme un toit au-dessus de sa tête, «
pour demander à un intervenant d’aller plus vite
», on mouline des mains, etc. La manifestation contre le projet de loi Travail vient de se terminer, la première Nuit Debout de Lille commence. Une bonne partie du cortège s’est déjà dispersée. En chemin, on a croisé nombre de syndicalistes pas décidés à veiller toute la nuit.

Ballots, palettes et courges butternut

Mais sur place on se prépare. Les tonnelles sont dressées. Sous l’une, le poste de secours, s’alignent des lits de fortune en ballots de paille. Sous l’autre, de bonnes âmes épluchent courges et poireaux pour cuire la soupe. Au centre, on visse des palettes pour abriter la sono. Camille (le prénom-star des luttes sociales), 34 ans, intermittent du spectacle, donne un coup de main : «
Le but, c’est la convergence des luttes. Avec Nuit Debout, on sent qu’il y a un truc. Après, ça fait plusieurs fois qu’on se dit que c’est la bonne’ Il faut maintenant que ça décante.
»

Les constitutionnalistes à la fontaine

«
Quand on s’attaque à la bourgeoisie, on se fait toujours taper.
» Les orateurs commencent à défiler au micro. Des citoyens plus ou moins expérimentés. Un type en perfecto et lunettes de soleil propose une commission constitution pour «
f
aire tomber la Ve République et son putain de président
». «
Ceux qui sont intéressés, on se retrouve à la fontaine.
» Vladimir Nieddu, syndicaliste à Sud et voix à la Tom Waits, appelle à la «
grève générale
». Peu de signes distinctifs dans la foule, tout juste quelques autocollants PCF, NPA ou L214 (association de protection animale).

L’Église de la très sainte consommation, agitateurs lillois apôtres de la décroissance, se propose de donner un sketch. Un homme au premier rang croise les bras. «
On a une opposition radicale
», relève le « médiateur » au micro. L’homme est invité à venir s’expliquer : «
Ils
ne me font pas rire.
» Le sketch est remis à plus tard.

« On tiendra la nuit »

La pluie se met à crépiter et les premiers rangs disparaissent sous une bâche. «
Bougez pas, si on tient la pluie, on tiendra la nuit
», enjoint un organisateur, bien que le mouvement ne se reconnaisse aucune hiérarchie. Les artisans de Nuit Debout disent vouloir rester «
jusqu’à 6 h du matin
». La préfecture du Nord a indiqué, plus tôt dans la journée, avoir demandé à ce que République soit évacuée en fin de soirée.

«
Quelqu’un aurait-il un drap, une toile, pour projeter Merci patron (le film de François Ruffin, initiateur de Nuit Debout) », demande M. Loyal. On cherche. TAFTA, réquisition de logements, transition énergétique, les classiques des luttes sociales s’égrènent à la tribune. Il est 18 h et un intervenant, lucide, exhorte l’assistance : «
Maintenant, il faut élargir. Là, tout le monde est déjà convaincu.
»

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