Courrières , le calvaire de Bernard souffre-douleur d’une petite bande d’ados

Courrières , le calvaire de Bernard souffre-douleur d'une petite bande d'ados

«
Cet homme, un jour, soit on va le retrouver pendu, soit ils vont finir par le tuer !
» Ce cri d’alarme est celui d’Olivier Glébioski, un bon samaritain courriérois qui semble être un des rares à réellement saisir la gravité d’une situation «
complètement irréelle en 2016
». S’il n’est pas voisin de Bernard Boulogne, il le connaît et l’aide autant qu’il peut. Lui donne des vêtements, par exemple.

Il y a quelques semaines, un dimanche, Olivier a retrouvé Bernard «
gisant dans son jardin, en sang, il avait été tabassé par la bande. Avec mon épouse, on a tout de suite alerté les secours pour l’emmener à l’hôpital. Bernard, il n’ est pas méchant pour deux sous et on a l’impression que c’est leur punching-ball. »

Nuits agitées

Silhouette frêle et regard bleu très doux, Bernard Boulogne n’a pas la carrure de ceux qui savent riposter. Le petit homme un peu cabossé exhibe l’hématome planqué sous sa casquette. Des coups, il en a déjà aussi reçus dans les côtes, à l’estomac. Sa maison, aussi, a pas mal souffert. Sans compter les noms d’oiseaux. Une vingtaine de plaintes ont été enregistrées depuis 2012. Donc, la police nationale est bien au courant, la police municipale aussi. Mais c’est toujours l’enfer.

Au moins vingt ans qu’il habite ce modeste pavillon de la rue des Capucines, bordé par un coin de pelouse en façade et avec un jardin à l’arrière, situé à un jet de pierre du parc des loisirs de Courrières. Il a vécu là avec sa mère, décédée tout récemment.

Coup de poing

Qui sont ses bourreaux’ «
Ce sont surtout trois ou quatre jeunes qui habitent Courrières et Carvin Saint-Jean
», observe Olivier Glébioski. C’est surtout les week-ends que la vie de Bernard se complique. La petite bande de mineurs se « lâche » contre ses volets, sa porte, ou son petit coin de jardin « piétiné », sans raison apparente. «
L’autre jour, un de la bande m’a demandé une cigarette. Je lui ai dit que je n’en avais pas. Il m’a donné un coup de poing. »

Offres de relogement

Les nuits du Courriérois aussi sont agitées. Son ami raconte qu’il lui arrive de veiller «
jusqu’à 4 heures du matin parce qu’il a peur de se faire embêter
». Il vit les volets éternellement clos. Lui faudra-t-il changer de commune’ La Ville de Courrières lui a déjà fait plusieurs offres de relogement qu’il a refusées (lire ci-dessous.) On lui a aussi fait une proposition à la Plaine du 7 de Montigny-en-Gohelle. Pas forcément une riche idée’ Des appartements, à chaque fois. Or, lui veut une maison avec un jardin «
pour m’occuper des fleurs
» et n’en démord pas.

Tous les jours, Olivier Glébioski appelle Bernard pour prendre des nouvelles. «
Il a besoin de parler. Le soir, il peut rester parfois plus d’une heure au téléphone. En tout cas, il ne peut plus vivre comme ça. »

C. Pilch: « c’est une situation que l’on a bien en tête»

Le maire de Courrières connaît bien le « cas » Bernard Boulogne, tout comme il sait qui sont les fauteurs de trouble qui pourrissent la vie du Courriérois depuis des années. Malgré cela, il sait aussi que le problème ne se résoudra pas en un claquement de doigts. «
Ce sont des choses qu’on a bien en tête. Ma directrice de cabinet est régulièrement en contact avec sa curatelle. Les assistantes sociales, la police municipale et nationale connaissent la situation. Nous mettons tout en uvre pour trouver une solution rapide. »

Solution qui est déjà passée par plusieurs offres de relogement que Bernard Boulogne a toujours déclinées. «
On ne peut pas l’obliger à déménager mais la solution passerait sans doute par le fait de quitter la commune. La situation est d’autant plus complexe que ce monsieur est sous curatelle et qu’il doit être pris en charge de façon globale. Lui trouver une maison comme il le souhaite, ce sera difficile. »

La police en fait-elle assez dans cette affaire Le maire acquiesce et se dit «
optimiste
» pour la suite. «
Je vois passer les rapports de police. La police nationale a mis des dispositifs en place pour repérer ces jeunes. Les policiers connaissent les noms des fauteurs de trouble et il y a eu des interpellations. Le problème, c’est que ce sont pour la plupart des jeunes mineurs. C’est aussi de l’acharnement qui semble se transmettre de génération en génération. »

Sans présager d’un (heureux) dénouement, un autre élément plaide en faveur d’un déblocage de la situation ou, au moins, d’un déménagement de la malheureuse victime: l’aménagement imminent du parc des loisirs de Courrières. Le tas de tôles et la maison murée juste à côté feraient mauvais genre.
H. N.

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