Salah Abdeslam garde le silence, un premier rendez-vous manqué avec la justice française

Salah Abdeslam garde le silence, un premier rendez-vous manqué avec la justice française

Arrivé un peu avant dix heures dans le bureau du juge Teissier, dans la galerie antiterroriste du palais de justice, Salah Abdeslam, fermement escorté, a pris place à côté de son avocat. Face à eux, le juge, son greffier et un peu à l’écart, le vice-procureur de la République de Paris. C’était un moment délicat. Important. Attendu depuis longtemps par ces cinq hommes-là, pour les raisons qu’on imagine.

Même pas de motif

Mais Abdeslam, qui avait clamé depuis la Belgique sa volonté de collaborer avec la justice française, a fait faux bond. Comme dit pudiquement le communiqué du parquet de Paris, «
il a fait valoir son droit au silence
». Bref, il s’est tu, refusant de répondre à la moindre question, et ne donnant même pas de motif détaillé à ce soudain mutisme que les victimes des attentats de Paris reçoivent comme une offense.

C’est auprès de son avocat qu’on trouve une explication : «
Il est très perturbé par les caméras qui le filment jour et nuit dans sa cellule
», explique Me Berton, qui doit écrire ce week-end au garde des Sceaux pour trouver une solution.

Une surveillance vidéo 24/24

Ce dispositif destiné à éviter un suicide du détenu est une première. Il n’est même pas prévu par la loi. «
Mon client ne comprend pas pourquoi il fait l’objet d’un traitement si particulier
», précise l’avocat lillois.

Celui-ci demandera sans doute à être reçu par le ministre, mais il souligne que ce refus ne signifie pas que Salah Abdeslam ne parlera pas : «
Il est maître de son temps. Après tout, l’essentiel est qu’il parle, et surtout qu’il parle avant son procès. Ce sera le cas.
»

Soit. Mais le jeune Français de Molenbeek a irrité les parties civiles, dont certaines se sont agacées, comme on peut le comprendre.

En Belgique, il avait d’abord parlé aux juges, expliquant qu’il devait être le dixième terroriste du 13 novembre mais qu’il avait renoncé au dernier moment à se faire exploser. Mais il n’en avait pas dit plus : un codétenu nommé Mehdi Nemmouche lui avait conseillé de se taire, à travers les cloisons de leurs cellules.

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