Surendetté un banquier détourne 200 000 euros et se sert dans les comptes de ses clients
Depuis son licenciement en 2012, il a retrouvé un travail dans l’administration. Tout le monde en convient : le prévenu, âgé de 44 ans, a su rebondir. Il avait intégré la Poste en 1995, avait gravi les échelons, devenant en 2002 directeur de l’agence de la Banque postale d’Hesdin. Il en dirigera deux autres ensuite, à Auchel et Lens.
L’engrenage infernale
En 2000, il a acheté, avec son épouse, un terrain pour y faire bâtir leur maison. Mais les travaux coûtent cher. En silence, il contracte des prêts à la consommation, à des taux exorbitants, atteignant «
jusqu’à 16, 17 et même 19 %
», indiquera son avocat, et contractés auprès de «
neuf organismes
». Un crédit pour rembourser les premiers crédits, etc., etc. L’engrenage infernal. En 2005, les remboursements mensuels atteignent 4 000 alors que le couple ne gagne que 3 500 .
C’est alors qu’il a commencé à se servir discrètement sur les comptes de sept ou huit clients. La plupart sont des proches qui ont, forcément tout confiants, ouvert un compte dans son agence. Quand naissent des doutes chez certains d’entre eux, en 2010, les explications du banquier suffisent à calmer les inquiétudes. Il leur explique que «
lorsqu’il y a trop d’argent sur un compte, la banque le déplace, le fait travailler, avant de le remettre’ » La pilule passe. Jusqu’en 2012. Une victime est décédée, des prélèvements sont toujours effectués sur son compte. Une enquête interne est ouverte.
« Censé avoir une certaine maîtrise du budget »
Le train de vie du couple n’a jamais vraiment changé, son épouse ne s’est rendu compte de rien. Et le mystère reste entier : «
En tant que directeur de banque, vous êtes censé avoir une certaine maîtrise d’un budget’ Non
», résume la présidente. «
Pourquoi ne pas avoir cherché d’autres solutions Comme emprunter de l’argent à la famille
»
Une famille justement très soudée. Les victimes n’ont pas porté plainte. La banque les a remboursées. Mais le quadragénaire, lui, va devoir des sous à son ancien employeur. Pour l’heure, le dossier de surendettement qu’il a déposé a été validé. Le couple rembourse 1 800 chaque mois.
La condamnation
Le prévenu a écopé de deux ans de prison assortis d’un sursis simple, d’une interdiction d’exercer une activité de conseiller financier à titre définitif. En revanche, cette condamnation ne sera pas inscrite à son casier judiciaire, ce qui nuirait à sa situation professionnelle.
Il devra rembourser à la Banque postale la Poste s’étant constituée partie civile , plus de 200 000 , et 1 000 pour atteinte à l’image.