Dur dur d’avoir un job à la con

Dur dur d'avoir un job à la con

NICOLAS KRIEF / DIVERGENCE

Après la création du hashtag #OnVautMieuxQueCa, pour protester contre la loi travail, des milliers d’internautes ont partagé sur Twitter leur expérience d’humiliation en entreprise. Aujourd’hui, le site de L’Obs propose un reportage baptisé « Mon job à la con ». Il s’agit de rencontrer ceux qui occupent ces « bullshit jobs », comme les appelle l’anthropologue David Graeber, dans un monde où les métiers les plus productifs ont été automatisés et où les plus indispensables (éboueur, prof, infirmière, la liste est longue) sont souvent les moins bien payés.

En 2013, cet anthropologue, figure du mouvement Occupy Wall Street et professeur à la London School of Economics publiait un pamphlet contre les « jobs à la con » sur Strike, un magazine alternatif. Un article qui avait fait grand bruit, bientôt traduit en plusieurs langues, provoquant la réaction du magazine The Economist.

Dans un post de blog, l’hebdomadaire britannique de tendance libérale avait alors défendu tous ces « postes intermédiaires » nés de la « complexification de l’économie ». Un journaliste de Slate.fr avait également rappelé que la division des tâches, l’une des sources de cette perte de sens au travail, était inhérente au fonctionnement des sociétés modernes.

Le sujet revient donc aujourd’hui, à la faveur du rejet de la loi travail par cette jeunesse qui ne veut pas « perdre sa vie à la gagner », a fortiori dans un job qui n’a aucun sens. Neuf employés en entreprise ont témoigné auprès de L’Obs de leurs journées vides de sens, entre tentatives pour meubler le temps et questions existentielles : à quoi ça sert ‘ Pourquoi rester ‘

La clé de ces boulots vides de sens ‘ Faire en sorte que les employés comprennent le moins possible pourquoi ils sont là. « Moins tu comprends ce que tu fais, mieux c’est. (…) J’applique des procédures sans jamais en saisir la finalité. » Mais l’horreur des jobs à la con, c’est surtout l’ennui. Pour le supporter, chacun développe ses petites stratégies. Chloé, chargée de clientèle dans une entreprise de cours à domicile, travaille une heure par jour tout au plus. Le reste du temps, elle regarde des séries, planquée derrière son écran, dos au mur.

La perte de sens vient aussi beaucoup de ce que les employés n’ont aucune prise sur le « produit » final de leur travail, car ils sont séparés de lui par une multitude de sous-chefs aux intitulés de postes obscurs. « Je me sens éloignée du produit fini, je ne le vois plus que d’un il purement technique », raconte Martha, retoucheuse photo pour des publicités, qui aurait rêvé pourtant de devenir « un artisan de l’image ».

Ce travail décomposé, vide de sens, est aussi difficile à refuser en forte période de chômage. Et puis il faudrait renoncer au salaire, parfois confortable.

Lire le reportage sur le site de L’Obs. 

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